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La flotte maritime suisse représente un risque financier pour Berne

Le secteur de la navigation traverse une crise mondiale depuis près de 10 ans (archives). KEYSTONE/AP/MICHAEL SOHN sda-ats

(Keystone-ATS) La crise maritime pourrait avoir des répercussions négatives sur les finances fédérales: la flotte suisse est composée de 49 navires marchands. Les cautionnements prévus à cet effet par Berne comportent un risque financier, selon le Contrôle fédéral des finances.

La flotte suisse de haute mer a été créée durant la Deuxième Guerre mondiale afin d’approvisionner le pays. Après la fin de la guerre, la Confédération vend ses navires. Ces derniers appartiennent entretemps à six sociétés privées d’armateurs basées à Renens (VD), Nyon (VD), Genève et Zurich. La mission première des transporteurs maritimes reste le ravitaillement.

Afin de remplir ce mandat et de maintenir un nombre suffisant de bateaux, Berne se porte garante de ces navires. Dans ce contexte, la Confédération a ouvert des cautionnements à hauteur de 723 millions de francs au 31 décembre 2015, peut-on lire dans un rapport du Contrôle fédéral des finances sur la révision du compte 2015, publié jeudi.

Ces créances aident en partie les armateurs à obtenir des crédits à des meilleures conditions. Grâce à ces garanties, certaines banques peuvent par exemple accorder aux armateurs une prolongation du délai de remboursement des crédits maritimes.

Risque financier

Cet engagement financier présente un risque important pour la Confédération, estime l’Administration des finances. En raison de la “crise persistante qui affecte le domaine de la navigation”, la Confédération court actuellement un risque élevé de devoir verser un montant considérable pour honorer ces cautionnements.

En d’autres termes, il est possible que les autorités fédérales doivent effectivement utiliser les cautionnements, c’est-à-dire payer de leur poche, pour venir en aide aux armateurs et acquérir de nouveaux navires.

Crise mondiale

La navigation marchande se trouve dans “une crise mondiale sans précédent”, explique à l’ats Jean-Noël André, vice-président de la société Suisse-Atlantique, sise à Renens. En cause, une surcapacité: il y a trop de transporteurs pour un nombre trop faible de containers, précise Yngve Abrahamsen, économiste auprès du centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPF de Zurich.

Le problème commence entre 2003 et 2007. A cette époque, la très grande rentabilité du secteur du transport maritime a attisé la convoitise d”investisseurs privés et les fonds levés se sont montés en milliards de dollars, évoque M. André. Conséquence: le prix et le nombre de bateaux ont pris l’ascenseur, alors que l’économie mondiale subissait un ralentissement général et durable, en particulier la Chine.

Néanmoins, mettre les navires à quai coûte aussi cher. Pour que la situation s’améliore, il faudrait retirer les bateaux les plus anciens du trafic et les démanteler, selon M. Abrahamsen. Sans cela, la crise se poursuivra. Cette situation difficile va durer encore trois à cinq ans, estime pour sa part Hans Tanner, fondateur d’ABCmaritime à Nyon.

Rien de tel en 68 ans

Pour l’économiste du KOF, le risque que la Confédération se retrouve en difficulté financière n’est que “latent”. Le vice-président de Suisse-Atlantique avance, lui, que tout dépend de l’évolution des marchés maritimes ces prochaines années et de la situation financière de chaque armateur privé. Mais, en 68 ans de cautionnement, la Confédération n’a jamais dû débourser un seul franc, souligne Jean-Noël André.

Les 49 navires de la flotte suisse peuvent transporter un million de tonnes de marchandises. Sis à Bâle, l’Office suisse de la navigation maritime (OSNM) du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) supervise cette flotte.

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