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La foule afflue au salon automobile de Francfort

(Keystone-ATS) Vitrine de l’industrie automobile, le salon de Francfort a ouvert ses portes au public samedi. Près de 900’000 personnes devraient y affluer en une semaine.

Stands démesurés et carrosseries étincelantes: sur 230’000 m2, le parc des expositions de la capitale financière allemande s’est transformé en temple de la voiture individuelle. Plus de 210 premières mondiales y sont dévoilées par quelque 1100 exposants venus de 39 pays.

Professionnels et journalistes ont pu les admirer depuis mardi passé déjà. Parmi les nouveautés offertes au regard jusqu’au 27 septembre, la Renault Mégane 4 et l’Opel Astra 5 défient la championne des ventes européennes, la Volkswagen Golf. Audi expose une berline A4 remaniée et BMW sa grande Série 7.

“Les Allemands ont un rapport particulier à la voiture, on le voit aussi à l’importance qu’ils accordent à la qualité et à l’innovation dans les véhicules”, estime Stefan Bratzel, directeur du centre de recherche sur l’automobile CAM.

Un avis partagé par Elmar Kades, expert du cabinet de conseil AlixPartners. “Ils dépensent en moyenne davantage que d’autres pour acquérir une voiture, et ont une nette préférence pour les véhicules haut de gamme”, souligne-t-il. D’où le succès des marques nationales BMW, Audi et Mercedes-Benz.

Cet attachement aux belles voitures se retrouve dans plusieurs attitudes marquantes. “La voiture de fonction a une très grande importance en Allemagne” et fait partie des premières questions de certains salariés lors d’un entretien d’embauche, raconte M. Kades.

Clientèle âgée

Mais cela change. “La voiture n’a plus l’importance qu’elle pouvait avoir il y a trente ans, en particulier chez la jeune génération qui vit dans les villes”, d’après Stefan Bratzel. Une étude du centre de recherche CAR de Duisbourg-Essen semble le confirmer: cette année, l’âge moyen des acheteurs de voitures neuves en Allemagne est de 53 ans.

L’évolution démographique dans ce pays peu fécond n’explique pas tout. Les 18-45 ans représentent un quart seulement des acheteurs de voitures neuves, alors que ce groupe d’âge constitue 40% de la population allemande.

Phénomène citadin

“L’offre de produits concurrents pour les jeunes, tels que les vacances ou les smartphones, a nettement augmenté ces dernières années”, relève Ferdinand Dudenhöffer qui a conduit l’étude. “Dans les grands villes, la voiture comme symbole de réussite perd de l’importance et l’objet automobile perd son caractère émotionnel”, conclut-il.

Toutefois, ce phénomène, observé également dans d’autres pays, “est surtout citadin”, relève M. Bratzel. A la campagne, la voiture est encore souvent pour les jeunes un “symbole de liberté”.

Succès de l’autopartage

Peter Fuss, expert du cabinet EY, décrit lui aussi une évolution. “Il y a de plus en plus de jeunes qui ne passent pas leur permis de conduire ou qui ont recours à l’autopartage. La voiture ne doit plus forcément être possédée par son utilisateur”, note-t-il.

“Pour la jeune génération, ce n’est plus si important qu’avant d’avoir sa première Golf ou sa première Peugeot, elle préfère dépenser de l’argent dans des expériences”, relève Gero Graf, directeur Allemagne de Drivy, leader européen de la location de voitures entre particuliers.

Voitures en libre-service

Les constructeurs automobiles ont bien compris le changement à l’oeuvre. Berceau de l’industrie automobile, l’Allemagne est championne du monde de la location de voitures en libre-service, et à Berlin, 45% des foyers ne possèdent pas de voiture.

Plusieurs fabricants automobiles cherchent à accompagner ce mouvement. Ils proposent leurs services d’autopartage ou des applications pour faciliter la mobilité des utilisateurs, tous modes de transports confondus.

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