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La justice valaisanne ordonne aux HUG de nourrir de Bernard Rappaz

(Keystone-ATS) Berne – La justice valaisanne ordonne à son tour aux Hôpitaux universitaires genevois (HUG) de nourrir de force Bernard Rappaz. Sous peine de sanctionner le médecin responsable pour “insoumission à un ordre de l’autorité”. Le Valaisan incarcéré depuis le 20 mars ne s’est plus nourri depuis 72 jours.
Le juge Jean-Bernard Fournier, vice-président de la Cour plénière du Tribunal cantonal, a envoyé vendredi cette notification au médecin responsable de l’unité pénitentiaire des HUG. Il demande au corps médical de nourrir de force le gréviste de la faim sans se laisser influencer par des considérations éthiques extérieures.
Le document invoque l’article 292 du Code pénal, qui prévoit une amende en cas d’infraction, a indiqué samedi l’avocat de Bernard Rappaz, Aba Neeman, qui a reçu copie de la décision vendredi en fin de journée. Il confirmait une information du “Temps”.
Jeudi, la cheffe du Département valaisan de la sécurité avait enjoint les HUG de tout faire pour sauvegarder la santé du détenu. Esther Waeber-Kalbermatten se refusait dans le même temps à interrompre la peine de Bernard Rappaz. Elle se basait sur une décision du Tribunal fédéral (TF) qui donnait raison à la justice valaisanne.
Critiques acerbes
Aba Neeman dénonce la démarche de la justice valaisanne. “Il est scandaleux de s’attaquer à des médecins qui n’ont rien à voir dans cette affaire”, a-t-il indiqué à l’ATS. Le médecin à qui a été intimé l’ordre de nourrir Bernard Rappaz dispose de 30 jours pour faire recours au TF.
Contacté samedi, les HUG n’ont fait aucun commentaire. Ils renvoient à leur dernière prise de position publiée jeudi concernant Bernard Rappaz, à savoir qu’ils n’alimenteront pas de force le Valaisan.
Respecter l’éthique médicale
Dans une interview accordée à “24Heures” et la “Tribune de Genève”, le professeur Alex Mauron, directeur de l’Institut d’éthique biomédicale de l’Université de Genève, relève que le médecin traitant a des devoirs déontologiques envers son patient. “Il n’est pas censé faire le jeu du pouvoir judiciaire lorsque ce dernier estime que son prestige est ébranlé”, dit-il.
Le Valaisan âgé de 57 ans purge une peine de cinq ans et huit mois pour violation grave de la loi sur les stupéfiants et autres délits. Il conteste sa peine et réclame une révision de son procès. Il a déposé une demande de grâce auprès du Grand Conseil valaisan qui statuera à huis clos le 18 novembre.

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