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La mémoire post-attentat de Charlie Hebdo aux Archives de Paris

Charlie Hebdo veut remettre à la Ville de Paris les nombreux témoignages qu'il a reçus après les attentats meurtriers dont il a été victime il y a trois ans et demi. KEYSTONE/EPA ANP/KOEN VAN WEEL sda-ats

(Keystone-ATS) Des milliers de dessins, des lettres d’amour, de soutien ou d’insultes… Charlie Hebdo veut donner aux Archives de Paris tous les documents reçus après l’attentat de janvier 2015 qui a décimé une partie de la rédaction de l’hebdomadaire satirique.

“Ce sont tous les courriers qu’on a reçus après. Je pense que ça fait partie de l’histoire et de la mémoire de la ville de Paris”, explique à l’AFP Riss, directeur et co-détenteur de Charlie Hebdo. Cette attaque du 7 janvier 2015, lors de laquelle 11 personnes dont Cabu et Wolinksi avaient été exécutés, a marqué le début d’une vague d’attaques jihadistes sans précédent en France.

Une fois classés par les Archives, ces documents reçus après l’attentat seront accessibles au public, notamment aux chercheurs, à l’instar des milliers de témoignages de soutien déposés sur les sites des attentats du 13 novembre 2015 (130 morts à Paris et Saint-Denis) et indexés par les Archives de la ville de Paris. Pour être effectif, ce projet doit encore être validé par le Conseil de Paris lors de sa prochaine réunion en juillet.

Depuis plus de 200 ans, les Archives de Paris collectent, classent, conservent et communiquent des documents d’intérêt historique, concernant Paris ou l’ancien département de la Seine. Pour Guillaume Nahon, directeur des Archives de Paris, le “fonds Charlie” “a sa place aux Archives”: “il est d’une grande richesse et formera un ensemble très cohérent avec les archives du 13 novembre pour pouvoir comprendre les réactions du public aux attentats de 2015”.

Trente-cinq cartons

Trente-cinq grands cartons contenant entre 56’000 et 70’000 documents ont d’ores et déjà été transférés des locaux du journal à ceux des Archives. Ils ont rejoint les quelques 67 kilomètres linéaires de documents que la ville de Paris conserve dans le nord de la capitale.

“Cela représente environ douze mètres linéaires de documents. C’est un travail de classement très important, il faudra faire l’inventaire et l’indexation de chaque pièce, ainsi que leur analyse juridique”, souligne Guillaume Nahon. “Le fonds sera accessible dans deux ans car c’est un matériau brut dont il faut vérifier la communicabilité”, soit la possibilité légale d’être montré au public, poursuit-il.

Il a fallu un an et demi aux deux archivistes volontaires pour classer les documents post-13 novembre. Ce sont les mêmes employés qui s’occuperont du fonds Charlie, dont une partie sera à terme consultable en ligne, sur le site archives.paris.fr.

Les messages ont été pré-classés par les équipes de Charlie Hebdo en sept grandes catégories : “les courriers à traiter ou à transmettre à leurs destinataires”, “les abonnements”, “les dons”, “les dessins d’enfants et d’adolescents”, “les courriers et dessins d’adultes de soutien à la rédaction”, “les soutiens par poèmes” et “les cahiers de condoléances”.

#Jedessine

Les dessins d’enfants constituent la part la plus importante du fonds (douze cartons soit au moins 24’000 documents). Parmi eux, 150 dessins ont été sélectionnés par l’association “Dessinez Créez Liberté”, créée par Charlie Hebdo, SOS Racisme et l’association lycéenne Fidl, pour faire partie de l’exposition #Jedessine, qui a tourné dans 18 villes de France et arrive à l’Hôtel de Ville de Paris du 6 au 12 juin.

Egalement publiés dans un livre l’année dernière, ces dessins sont donc déjà accessibles au public. Ils seront mis en ligne plus rapidement que le reste du fonds, précise Guillaume Nahon.

Plusieurs universitaires et sociologues, notamment ceux qui travaillent sur les réactions post-attentats, souhaitent pouvoir consulter tous les documents et en ont déjà fait la demande aux Archives.

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