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La maison de Paracelse à Bâle devient Lieu historique de la chimie

Paracelse a travaillé il y a près de 500 ans dans la maison "Zum Vorderen Sessel", dans la vieille ville de Bâle, qui abrite aujourd'hui le Musée de la pharmacie. Musée de la pharmacie/Université de Bâle sda-ats

(Keystone-ATS) La maison “Zum Vorderen Sessel”, où Paracelse a travaillé à Bâle, devient Lieu historique de la Chimie, a indiqué mercredi l’Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT). Le médecin et alchimiste suisse a révolutionné la médecine et ouvert la voie de la biochimie.

Avec ce titre de “Chemical Landmark 2020”, la SCNAT entend honorer un lieu qui a joué un rôle marquant dans l’histoire de la chimie en Suisse, a-t-elle indiqué mercredi dans un communiqué. Une plaque commémorative va y être apposée à la mémoire du médecin aussi célèbre que controversé.

Paracelse (1493-1541) a été nommé médecin municipal de Bâle en 1527 et c’est au numéro 3 de la Totengässlein, dans la maison Zum Vorderen Sessel qui abrite aujourd’hui le Musée de la pharmacie de l’Université de Bâle, qu’il a exercé.

Il préférait la pratique à la théorie

Lorsqu’il était à Bâle, Paracelse, de son vrai nom Theophrastus Bombast von Hohenheim, était au sommet de sa carrière. Sa position lui permettait d’exposer publiquement ses thèses sur la médecine, et elles étaient loin de faire l’unanimité.

Il critiquait ainsi violemment le fait que les médecins suivent les préceptes d’Hippocrate, de Galien ou d’Avicenne, connus depuis des siècles, sans les confronter à la réalité.

Selon lui, au lieu de répéter machinalement les enseignements théoriques qu’ils ont reçus, les médecins devaient plutôt agir en fonction de leur expérience pratique. Paracelse a été l’un des premiers à considérer que la connaissance scientifique de la nature était essentielle à une médecine efficace.

“C’est la dose qui fait le poison”

Sa compréhension des processus se déroulant dans le corps humain fait de Paracelse un précurseur de la biochimie et de la toxicologie. Il imaginait par exemple une sorte “d’alchimiste intérieur” qui séparerait les matières nutritives des poisons et ferait en sorte que les premières soient assimilées tandis que les seconds seraient expulsés.

Il appliquait également ce principe de la séparation du pur et de l’impur à la préparation des médicaments: la substance d’origine était décomposée, ses éléments purifiés puis réassemblés.

Sa devise la plus célèbre, “Tout est poison, rien n’est poison; c’est la dose qui fait le poison”, est l’un des fondements de la toxicologie moderne.

Il préférait l’allemand au latin

Comme beaucoup d’alchimistes, Paracelse était fasciné par le mercure et il a fait des observations capitales sur ses propriétés chimiques. Il a par ailleurs été l’un des premiers scientifiques occidentaux à étudier le zinc et fut un précurseur dans le domaine des thérapies à base de complexes métalliques qui sont aujourd’hui utilisés dans le traitement du cancer, notamment.

Mais ce n’est pas uniquement à sa critique de la médecine classique que Paracelse devait ses nombreux détracteurs. En enseignant en allemand et en choisissant cette langue plutôt que le latin pour ses écrits, il permettait également aux non-lettrés d’avoir accès à son savoir.

Il tenait en outre à intégrer les connaissances non académiques des barbiers de village, des guérisseurs et des bonnes femmes dans ses préceptes. Son tempérament colérique n’arrangeait rien. Après avoir brûlé publiquement des manuels de médecine classique, l’opprobre fut telle qu’il dut fuir la ville dès 1528.

L’université de Bâle et le Musée de la pharmacie organiseront du 17 au 22 novembre prochains une semaine Paracelse proposant des visites guidées et des ateliers.

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