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La police s’attaque en direct à deux chaînes TV d’opposition

(Keystone-ATS) A quatre jours des élections législatives, la police turque a pris de force le contrôle de deux chaînes de télévision proches de l’opposition. Ankara a par ailleurs confirmé que le responsable du plus grand attentat du pays était le groupe djihadiste Etat islamique.

En direct devant les caméras, des policiers en tenue antiémeute ont pris d’assaut mercredi au petit matin à Istanbul le siège de Bugün TV et Kanaltürk. Dans leur programme, les chaînes de télévision ont dénoncé un nouvel exemple de la dérive autoritaire du président Recep Tayyip Erdogan.

Les forces de l’ordre ont également contraint les deux chaînes à interrompre leur programmation. Aux alentours de 16h30 (heure locale), soit 13h30 en Suisse, les téléspectateurs ont subitement vu apparaître un écran noir.

Le propriétaire des deux chaînes, la holding Koza-Ipek, a fait l’objet lundi d’une mise sous tutelle judiciaire très controversée. Elle est réputée proche de l’imam Fethullah Gülen, devenu “l’ennemi public numéro 1” du chef de l’Etat depuis l’hiver 2013. A cette date, un retentissant scandale de corruption qui visait directement l’entourage du président avait éclaté.

Les forces de l’ordre ont d’abord dispersé les salariés du groupe qui défendaient leur siège. Ils ont ensuite forcé l’entrée du bâtiment avec d’énormes pinces coupantes, selon les images retransmises par Bugün TV sur son site internet.

Arrestations et injures

Pendant ce remue-ménage, des affrontements ont éclaté devant le bâtiment entre les manifestants, dont des députés de l’opposition, et la police. Plusieurs personnes ont été arrêtées, a rapporté la chaîne de télévision privée NTV.

Plusieurs centaines de protestataires étaient encore rassemblés dans l’après-midi devant le siège des deux télévisions. Un photographe de l’agence de presse AFP y a été insulté et frappé au visage par un policier en civil.

Plus de cent morts

A quelques jours des élections législatives, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs promis de continuer la lutte contre “toutes les organisations terroristes” qui selon lui menacent la Turquie.

Sur le même sujet, le procureur chargé de l’enquête sur l’attentat-suicide survenu le 10 novembre à Ankara a confirmé que groupe djihadiste Etat islamique (EI) était bien à l’origine de la frappe. L’agression avait fait fait 102 morts et plus de 500 blessés.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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