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La procureure assure que le président guatémaltèque sera condamné

(Keystone-ATS) La procureure générale du Guatemala Thelma Aldana a assuré mercredi que le président Otto Pérez serait condamné pour corruption. De son côté, la Cour constitutionnelle, rejetant les recours déposés par M. Pérez, a confirmé l’ouverture de poursuites pénales contre lui.

“Il y a une procédure pénale” contre le chef de l’Etat, privé mardi par le Parlement de son immunité, décision historique dans ce pays centraméricain, a expliqué la procureure générale. “Nous irons au procès, ensuite il y aura un verdict qui, selon mon appréciation et ce que je connais du dossier, devra être une condamnation.”

Parallèlement, la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire du Guatemala, a rejeté mardi les deux recours déposés par le président conservateur, au pouvoir depuis 2012.

“La Cour constitutionnelle, en séance plénière (de cinq magistrats), s’est réunie mercredi et a décidé à l’unanimité de ne pas accorder de suspension provisoire de la procédure au président Otto Pérez”, a annoncé l’institution dans un communiqué.

Le général à la retraite de 64 ans est accusé par le parquet et une commission de l’ONU contre l’impunité (Cicig) d’avoir dirigé un système de corruption au sein des douanes, via lequel des fonctionnaires touchaient des pots-de-vin pour exonérer de taxes certaines importations.

Elections dimanche

Une foule de Guatémaltèques enthousiastes a célébré mardi la levée de l’immunité du président, dans un climat de protestation populaire inédit dans leur pays. Le retrait du bouclier judiciaire de M. Pérez a été rendu possible par le vote à l’unanimité des 132 députés présents (sur les 158 que compte l’Assemblée).

La mesure a ouvert la voie à des poursuites à son encontre, pendant lesquelles il pourra rester à son poste sauf si un juge décrète son placement en détention provisoire. Dès mardi soir, la justice lui a interdit de sortir du territoire.

La procédure intervient à un moment où le pays vit un moment de mobilisation populaire sans précédent et à quelques jours seulement des élections présidentielle et législatives prévues pour dimanche. M. Pérez, en exercice jusqu’au 14 janvier 2016, ne se représente pas, la Constitution n’autorisant qu’un seul mandat.

Les manifestants, qui protestent de manière pacifique chaque semaine depuis la révélation du scandale, en avril, réclament non seulement le départ du président mais aussi le report des élections. Ils souhaitent d’abord une vaste refonte du système politique pour le purger de la corruption endémique.

L’ONU attentive

Le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) au Guatemala a pour sa part annoncé mercredi qu’il surveillerait les élections “afin de prévenir de possibles manifestations violentes”.

Les équipes de cet organisme “voyageront à divers points du pays afin de vérifier que la population peut jouir de ses droits et libertés fondamentales, et que ceux qui souhaitent exercer leur droit de vote peuvent le faire librement”, a dit dans un communiqué le représentant du HCDH au Guatemala, l’Italien Alberto Brunori.

De nombreuses ONG ont rapporté des agressions de sympathisants de partis politiques contre des manifestants rejetant les candidatures présentées, ainsi que le meurtre d’une dizaine de candidats entre mars et août. Mardi encore, la militante indigène guatémaltèque Rigoberta Menchu, prix Nobel de la paix 1992, a appelé au calme “face au risque de débordements” dans son pays.

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