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La réforme du permis de conduire n’est pas très bien accueillie

La réforme du permis de conduire proposée par le Conseil fédéral est loin de faire l'unanimité (archives). KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER sda-ats

(Keystone-ATS) Une réforme aux “conséquences lourdes”, voire “dangereuse”, des “pseudo-propositions”: la grande révision du permis de conduire préconisée par le Conseil fédéral est loin de faire l’unanimité. Plusieurs organisations réclament une version allégée.

Les plans du gouvernement sont ambitieux: le projet, qui était en consultation jusqu’à jeudi, compte 187 pages. Il prévoit notamment la possibilité d’obtenir le permis d’élève conducteur dès 17 ans, alors que la formation devrait aussi être améliorée, simplifiée au niveau administratif et coûter moins cher. La Suisse devrait reprendre de nombreuses directives de l’Union européenne.

Parmi les acteurs consultés, personne ne soutient le projet sans réserve. L’éventail des changements prévus est trop large pour faire l’unanimité.

Les adversaires les plus farouches à s’être manifestés ces dernières semaines sont les moniteurs de conduite. Selon eux, il est inutile et erroné, de la part de la Confédération, de vouloir de nouveau réviser la formation en deux étapes, introduite il y a quelques années.

La Suisse est à la pointe en matière de sécurité routière, soulignent l’Association suisse des moniteurs de conduite (ASMC) et la Fédération romande des écoles de conduite (FRE). C’est pourquoi à leurs yeux, l’Office fédéral des routes devrait présenter des propositions ponctuelles claires et fondées au lieu d’une “réforme tous azimuts inachevée”.

Innovations dangereuses

Pour les moniteurs d’auto-école, deux des mesures proposées sont dangereuses et lourdes de conséquences: le remplacement, dans la formation continue, de la deuxième journée de cours par deux heures à effectuer auprès d’un moniteur, et l’autorisation de conduire à partir de 17 ans. Ils pronostiquent “davantage d’accidents, de blessés et de morts”.

Les deux jours de formation continue obligatoire constituent une chance d’influencer de manière durable la conduite des nouveaux conducteurs, estiment les moniteurs. Et il est insensé, avec l’abaissement de l’âge autorisé à 17 ans, de “lâcher” 40’000 conducteurs inexpérimentés de plus sur les routes. Il y a déjà suffisamment d’accidents dans la catégorie d’âge des jeunes adultes.

Le TCS partagé

Le Touring Club Suisse (TCS) ne soutient pas non plus totalement la réforme, mais il ne fixe pas les mêmes priorités que les moniteurs de conduite. Il salue ainsi la réduction à un jour de la formation continue et l’abaissement à 17 ans de l’âge pour demander un permis d’élève conducteur.

Le TCS rejette en revanche trois des mesures préconisées par le Conseil fédéral: les deux heures obligatoires de cours individuel avec un moniteur pour des exercices de freinage et de conduite écologique; l’obligation d’attester une expérience de conduite accompagnée durant douze mois pour les jeunes de moins de 25 ans avant l’examen pratique; et l’autorisation aux personnes qui passent l’examen pratique sur boîte automatique de conduire aussi des voitures à boîte manuelle.

Cours de premiers secours

La suppression prévue des cours de premiers secours est aussi controversée. L’Automobile Club de Suisse (ACS) s’y oppose de manière véhémente. Pour sauver une vie sur un lieu d’accident, les mesures prises durant les premières minutes sont décisives, argumente-t-il. Même son de cloche auprès des moniteurs de conduite: si une seule personne peut être sauvée parce que quelqu’un a suivi un cours de premiers secours, l’effort vaut la peine, selon eux.

Le Bureau de prévention des accidents (bpa) approuve également: chaque victime de la route en est encore une de trop. “Il est donc important que les automobilistes sachent comment se comporter.”

Les cours de premiers secours sont une pratique dépassée, écrivent au contraire les services cantonaux des automobiles. Ils proposent que ces cours ne fassent plus l’objet d’un cours pratique, mais soient intégrés à l’examen théorique.

Au Conseil fédéral de trancher

La balle est dans le camp du Conseil fédéral, qui devra trancher sur l’avenir de cette révision. Ce n’est qu’après sa décision que les coûts et les exigences pour la Confédération, les cantons et les experts pourront être chiffrés. Toutes ces mesures devraient entrer en vigueur entre 2019 et 2020.

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