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La solution à deux Etats réaffirmée et assortie d’une mise en garde

Le ministre français des affaires étrangères Jean-Marc Ayrault et son homologue américain John Kerry ont participé à la conférence. KEYSTONE/EPA AFP POOL/BERTRAND GUAY / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Plus de 70 pays ont solennellement réitéré dimanche leur engagement en faveur des deux Etats israélien et palestinien. Ils ont averti qu’ils ne reconnaîtraient pas d’actions unilatérales menaçant une solution négociée, sur la question des frontières ou Jérusalem.

“La paix ne se fera que s’il y a une volonté et un engagement concret entre Israéliens et Palestiniens”, a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, à l’issue d’une journée d’échanges.

Près de trois ans après la suspension, en avril 2014, des dernières négociations de paix directes menées sous l’égide des Etats-Unis, les pays réunis à Paris appellent les deux parties à montrer “leur engagement sincère” à avancer vers la solution à deux Etats.

Satisfaction palestinienne

Dans un communiqué final âprement et minutieusement négocié, ils ont exhorté Israéliens et Palestiniens à “démontrer leur engagement pour la solution à deux Etats, et à s’abstenir d’actions unilatérales qui préjugeraient du résultat de la négociation, notamment sur les frontières, Jérusalem, les réfugiés”. Le texte précise que si de telles actions étaient prises, “ils ne les reconnaîtront pas”.

Les Palestiniens se sont immédiatement félicités des conclusions de la conférence. Le numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erakat a estimé qu’elle avait “souligné la nécessité de mettre fin à l’occupation israélienne”.

Le ministère israélien des affaires étrangères a de son côté estimé que “cette conférence internationale et les résolutions de l’ONU ne font qu’éloigner les perspectives de paix car elles encouragent les Palestiniens à refuser des discussions directes avec Israël”.

Pas de référence à Trump

Le communiqué s’abstient soigneusement de faire référence au projet de Donald Trump de transférer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Mais il contient “un message subliminal à l’administration Trump”, selon un diplomate français.

Le président américain élu a promis durant sa campagne de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y déménager son ambassade. Une telle mesure romprait avec la politique historique des Etats-Unis et irait à l’encontre de la position de l’ONU, pour qui le statut de Jérusalem, dont la partie Est a été occupée en 1967 puis annexée par Israël en 1980, doit se régler par la négociation.

Plus direct que le communiqué final, M. Ayrault a estimé que le déménagement de l’ambassade serait une “provocation”. Plus tôt, il avait mis en garde contre un projet “extrêmement lourd de conséquences”. Il a aussi répété que “la base” d’un règlement du conflit était “les frontières de 1967 et les grandes résolutions des Nations unies”, se référant ainsi aux textes appelant Israël à se retirer des territoires occupés après la guerre des Six jours.

Réticences britanniques

Son homologue américain John Kerry s’est félicité d’un texte “équilibré”, qui dénonce les actes et les incitations à la violence côté palestinien. Il a aussi confirmé qu’il avait parlé dimanche au téléphone avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour le “rassurer”. M. Netanyahu n’a de cesse de dénoncer l’initiative française, qualifiée d'”imposture” ou de “futile”.

Mais la Grande-Bretagne, favorable à des négociations bilatérales israélo-palestiniennes, a exprimé des “réserves” vis-à-vis de la Conférence de Paris et n’en a pas signé le communiqué final, un refus interprété comme reflétant la volonté de Londres de rester proche de la prochaine administration américaine.

Appel de Didier Burkhalter

Présent à la conférence, le conseiller fédéral Didier Burkhalter a lancé un appel aux Israéliens et aux Palestiniens, leur demandant de prendre des mesures pour renforcer la confiance et promouvoir la solution des deux Etats.

Pour les Israéliens, “il s’agirait de ne pas poursuivre la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est” alors que les dirigeants palestiniens “pourraient rouvrir des perspectives par une prise de position ferme contre toute incitation à la violence”, a indiqué le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

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