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La Somalie menacée d’une nouvelle catastrophe alimentaire

(Keystone-ATS) Moins de trois ans après une famine meurtrière et ravagée par la guerre civile depuis 1991, la Somalie risque une nouvelle catastrophe alimentaire. L’absence de pluie, l’intensification du conflit et les aides en baisse en sont la cause, ont averti mercredi des organisations humanitaires.

Plus de 50’000 enfants atteints de grave malnutrition sont aux “portes de la mort”, a affirmé une coalition de 22 organisations humanitaires internationales et somaliennes.

“Si nous n’agissons pas maintenant, nous risquons de voir la crise actuelle se transformer en catastrophe”, a prévenu devant la presse Ed Pomfret, d’Oxfam, notant que c’était la deuxième année sans pluies en Somalie.

“Ces statistiques seraient saisissantes dans toute autre situation dans le monde”, a-t-il ajouté, “le problème avec la Somalie, c’est qu’il s’agit d’une crise de plus de 20 ans (…) Les gens, plus ou moins, roulent des yeux et pensent: ‘pirates, terroristes, la faim et la mort, que puis-je y faire?'”.

La faim au Puntland

Les pluies saisonnières, cruciales pour l’agriculture, tombent habituellement d’avril à juin. Mais elles n’ont pas encore commencé dans les régions du sud de la Somalie, ni dans les zones reculées du nord-est.

La faim sévit dans la région autonome du Puntland, au nord-est de la Somalie, qui forme la pointe de la Corne de l’Afrique. Les agriculteurs peinent à replanter tandis que les éleveurs “abattent les petits veaux pour sauver les plus gros”, précise Bashir Hashi, de l’ONG somalienne Wasda.

Les régions méridionales des Basse- et Moyenne-Shabelle, théâtres de combats entre les insurgés shebab et les soldats de l’Union africaine, sont les plus touchées.

Environ 260’000 personnes, dont la moitié d’enfants, sont mortes de faim en 2011-2012, selon les Nations unies. L’ONU avait reconnu que les signaux d’avertissement, alors visibles depuis déjà deux ans, n’avaient pas déclenché “une réponse suffisante à temps”.

Toujours 822 millions manquants

M. Pomfret rappelle également qu’il manque toujours 822 millions de dollars (720 millions de francs suisses) dans les appels de fonds, sur un peu plus de 934 millions. “Les choses sont meilleures qu’elles ne l’étaient, mais elles sont beaucoup, beaucoup plus alarmantes que ce qu’elles devraient être”, a-t-il insisté.

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