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La sonde New Horizons est passée au plus près de Pluton

(Keystone-ATS) La sonde spatiale New Horizons, lancée par la Nasa en 2006, est passée mardi au plus près de Pluton. Ce survol historique va permettre d’en apprendre beaucoup sur la planète naine, selon la Nasa.

Lancée à plus de 49’300 km/h, “la sonde New Horizons est passée au plus près de Pluton après un voyage de 5 milliards de kilomètres”, a déclaré un membre de la Nasa, une annonce accueillie par des cris de joie des techniciens, de leurs familles et de centaines d’invités dans les locaux de la Nasa où est gérée cette mission, à Laurel (Maryland), en banlieue de la capitale Washington.

New Horizons est passée à seulement 12’430 km de Pluton à 13h49 précises.

“Il y a 50 ans aujourd’hui les Etats-Unis entraient dans une nouvelle ère d’exploration du système solaire. Il y a 50 ans aujourd’hui la première sonde spatiale a survolé Mars, il est donc particulièrement approprié qu’en ce jour nous réussissions à survoler Pluton”, a noté Alan Stern l’un des principaux ingénieurs qui travaillent sur ce projet à 700 millions de dollars.

“Je suis tellement reconnaissante que la Nasa ait accepté cette mission”, a ajouté Alice Bowman, cheffe de projet. “C’est la réussite de toute une équipe. C’est incroyable et je dois presque me pincer: c’est fou que l’humanité parvienne à aller explorer des mondes si lointains”.

Un maximum d’images

Durant une fenêtre de quelques heures, New Horizons doit emmagasiner un maximum d’images et d’informations sur cette planète dont on sait pour le moment peu de choses. La sonde poursuivra ensuite sa route pour aller observer la ceinture de Kuiper, un vaste amas de débris au-delà de l’orbite de Neptune.

La sonde dispose de sept instruments de mesure très performants. Elle doit scanner la surface de Pluton, analyser la composition de son atmosphère, sa géologie, relever la température à sa surface et prendre des photos.

Malheureusement New Horizons, qui fait la taille d’un piano, n’est pas en mesure de communiquer en même temps qu’elle effectue ses analyses. Les scientifiques de la Nasa devront donc attendre la fin de journée pour recevoir un premier signal transmis par l’appareil confirmant que tout s’est déroulé comme prévu. “J’ai tellement hâte de recevoir le signal ce soir et de découvrir les premières images demain”, a repris Mme Bowman.

Faible risque de collision

Les scientifiques notaient toutefois qu’il existe un faible risque que la sonde, passant si près de Pluton, ne percute des débris en orbite autour de la planète naine. A la vitesse où elle circule, cela pourrait sérieusement l’endommager, voire la détruire.

“Vers 21h00 (03h00 mercredi en Europe centrale), on devrait avoir la confirmation que la sonde a survécu à son passage près de Pluton, mais il y a un peu de drame ici parce que ça reste de la véritable exploration: New Horizons vole dans l’inconnu”, a commenté M. Stern.

“Je suis un peu nerveuse, comme quand on laisse son enfant partir de la maison, mais je suis absolument confiante que la sonde va réussir à faire tout ce qui était prévu”, a acquiescé Cathy Olkin, une autre scientifique de la mission.

Image particulièrement précise

Tôt mardi, avant que la sonde ne coupe les communications pour la journée, la Nasa a reçu une image particulièrement précise de Pluton, pour le plus grand bonheur des scientifiques.

“C’est la meilleure image que nous ayons à cet instant. Elle a une résolution de 4 km par pixel, ce qui est à peu près 1000 fois plus précis que ce que nous pouvons faire avec les meilleurs télescopes ici sur Terre”, a souligné M. Stern.

“A partir de mercredi on devrait en voir de plus en plus sur Pluton au fur et à mesure que les informations transmises par la sonde vont arriver”, anticipe-t-il encore.

Grâce aux données envoyées par la sonde ces derniers jours, les chercheurs ont déjà pu confirmer la présence de glace sur les pôles, ont affiné les mesures sur la taille exacte de la planète naine et ont observé des formes extraordinaires sur sa surface.

Nées d’une collision

De nombreux chercheurs de par le monde attendent ces clichés avec impatience. C’est le cas de l’astrophysicien de l’Université de Berne Martin Jutzi: “Nous pensons que Pluton et sa lune Charon sont nées d’une collision, comme la Terre et la Lune”, a-t-il expliqué à l’ats.

Les données transmises par la sonde devraient fournir des indications sur la taille exacte et la masse de Pluton et de ses cinq lunes, ajoute le spécialiste. Leur origine, ainsi que celle des autres objets se trouvant dans la ceinture de Kuiper pourrait être mieux déterminée.

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