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La SSR comme futur ciment de la société, grâce au numérique

(Keystone-ATS) Des programmes de TV et de radio comme jusqu’ici ou de nouvelles voies? L’Institut Gottlieb Duttweiler (GDI) a élaboré des scénarios d’avenir pour la SSR. Il ne le voit pas en noir, au contraire. La SSR pourrait empêcher les divergences de la société.

Les gens évoluent de plus en plus dans des espaces mentaux différents, ce qui entraîne une polarisation des groupes sociaux. C’est ce qu’écrit le GDI dans une étude consacrée au défi du numérique pour la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR), publiée mardi.

Selon l’institut, la raison principale de cette polarisation réside dans ce que l’on nomme les “bulles de filtres”. Ce terme désigne l’état dans lequel se trouve un internaute lorsque les informations auxquelles il accède sur la Toile sont le résultat d’une personnalisation mise en place à son insu et découlant de ses opinions et intérêts.

Sur des plates-formes telles que YouTube, Twitter et Facebook, cet effet est obtenu grâce à des algorithmes qui analysent le comportement de l’utilisateur et font disparaître les opinions contraires aux siennes. Les utilisateurs de médias s’isolent ainsi de plus en plus dans leur propre bulle, unique et optimisée pour eux.

Pour le GDI, il est clair que la SSR a un rôle à jouer dans ce domaine, avec ses chaînes dans toutes les régions linguistiques, car elle a la capacité de faire exploser ces bulles – ou au moins de faire en sorte qu’elles se confrontent les unes aux autres. La SSR pourrait ainsi contribuer à redéfinir la démocratie directe via des outils numériques.

Diffuser des contenus par d’autres canaux

Mais pour pouvoir assumer cette tâche ambitieuse, la SSR doit changer, estiment les auteurs de l’étude. Comme le schéma rigide émetteur-récepteur disparaît, et donc que de moins en moins d’utilisateurs restent simplement assis devant leur poste de télévision, la SSR ne doit plus uniquement diffuser ses contenus via ses propres canaux. Elle doit beaucoup plus collaborer avec des partenaires.

La télévision linéaire connue jusqu’ici doit toutefois “être maintenue comme option”, écrit le GDI. En matière de financement, la SSR pourrait aussi emprunter des voies nouvelles: au lieu de se financer uniquement par la redevance et la publicité, elle pourrait en sus le faire par le financement participatif, soit le financement par un grand nombre d’utilisateurs. Pour ce faire, une coopération accrue avec d’autres prestataires est nécessaire.

La fin des programmes fixes

Selon le GDI, la SSR pourrait aussi s’ouvrir à de nouvelles formes de production. Les contenus pourraient ne plus être élaborés exclusivement par des collaborateurs professionnels de la SSR, mais aussi par des privés ou même par des “machines intelligentes”. Chacun devrait en outre être libre d’utiliser les contenus pour lui-même et de les modifier.

Un autre scénario esquissé par l’étude concerne l’offre des programmes de radio et de télévision en tant que tels. Selon les auteurs, il est possible que les programmes fixes soient bientôt abandonnés et que les programmes deviennent individuels.

La SSR en mode expérimental

Pour que la SSR réussisse le tournant, il est important, selon le GDI, qu’elle utilise à son profit les avantages des nouveaux médias. Mais le risque est le suivant: dans une entreprise aussi riche de tradition, les nouvelles évolutions pourraient rapidement être absorbées par les structures existantes et être étouffées dans l’oeuf.

Pour éviter cet écueil, le GDI propose d’abolir les structures hiérarchiques actuelles de la SSR et de faire passer l’entreprise dans un mode expérimental permanent, avec des espaces de liberté dans les différents projets, au niveau technique, économique et concernant les contenus.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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