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La Suisse et ses migrants d’hier et d’aujourd’hui

On peut retrouver sa patrie partout, si on y est chaleureusement accueilli, a dit en substance Simonetta Sommaruga à Muttenz BL (archives). KEYSTONE/EPA/DANIEL KOPATSCH sda-ats

(Keystone-ATS) Tant Simonetta Sommaruga qu’Ignazio Cassis ont parlé de migrations mardi dans leur allocution du 1er Août. Ceux d’hier pour le conseiller fédéral tessinois et ceux d’aujourd’hui pour la Bernoise.

Simonetta Sommaruga n’a pas choisi Muttenz (BL) au hasard pour son allocution du 1er Août. La ville frontalière héberge un centre fédéral pour migrants et un campus universitaire trinational.

Ouverte sur le monde par ses deux ports sur le Rhin, Muttenz a été remerciée par la ministre de justice et police pour avoir accepté de prolonger l’ouverture de ce centre pour réfugiés. Ici à Muttenz par exemple. Le centre fédéral d’asile de Feldreben est en service depuis bientôt deux ans. Vous avez accepté que des réfugiés deviennent une partie de votre petite ville. Ce n’était pas évident, a-t-elle affirmé, d’après la version écrite de son discours.

“Vous donnez ici un refuge à des gens qui vous sont étrangers, vous leur permettez d’avoir un chez-soi”, a-t-elle ajouté. “Vous les saluez, peut-être qu’une conversation s’engage. Vous leur donnez ainsi une patrie, même si elle n’est que temporaire”, a encore déclaré la conseillère fédérale. Car selon elle, une patrie, avant d’être géographique, est d’abord l’endroit où l’on est près de ses proches.

Une patrie les uns pour le autres

Et Simonetta Sommaruga de préciser “nous sommes ainsi véritablement sans patrie lorsque nous n’avons pas autour de nous des gens qui nous sont vraiment proches. C’est alors l’essentiel qui nous manque. La patrie n’est pas liée à un endroit en particulier. Les gens peuvent être une patrie les uns pour les autres n’importe où dans le monde.

A ce titre et évoquant les migrants qui n’ont pas droit à l’asile et sont donc tenus de quitter la Suisse, la ministre de justice et police a noté qu'”aucune loi ne nous impose de nous fermer à eux. Encore moins lorsqu’ils sont sans patrie”.

L’exemple des plus pauvres

La conseillère fédérale a encore rappelé que l’Europe accueille moins d’un réfugié sur six dans le monde. La plupart sont accueillis par des pays eux-mêmes parmi les plus pauvres. “C’est d’eux dont nous devrions nous occuper, et des habitants, par exemple de la Jordanie ou de l’Éthiopie, qui n’ont pas grand-chose eux-mêmes et doivent partager leurs maigres ressources en eau et leurs terres arides avec les réfugiés”.

“Il est donc faux de dire que tous les réfugiés viennent en Europe. Mais si nous cessons de nous laisser émouvoir par le destin de ces femmes et de ces hommes en fuite, alors nous perdons une part de notre humanité. Il y a de quoi s’inquiéter”, d’après Simonetta Sommaruga.

Constatant une diminution de la volonté de gouvernements importants d’œuvrer en faveur de la paix, la conseillère fédérale note que l’Europe aussi est devenue plus tumultueuse. “Il me semble qu’une sorte de compétition s’est engagée tout autour de notre pays. C’est à qui s’exprimera de la manière la plus dépréciative sur les réfugiés. À qui proposera des mesures encore plus dures pour les empêcher d’arriver en Europe”.

L’exemple transfrontalier

A Rorschach, également une cité frontalière, Ignazio Cassis a lui aussi parlé migration, mais celle des Italiens dans les années 60. Pour rappeler aux habitants de la ville saint-galloise qu’ils avaient accepté en 1970, de justesse certes, contrairement au peuple suisse, l’initiative xénophobe Schwarzenbach.

Les choses ont, depuis, bien changé, a affirmé le Tessinois, soulignant que les Italiens représentent la plus grande communauté étrangère de Suisse. Malgré des situations difficiles, l’intégration a finalement bien fonctionné et l’italianité a apporté un enrichissement.

Evoquant Rorschach et sa situation géographique, le ministre des affaires étrangères a dit que “nous devons apprendre de cet exemple de pont que constituent les régions frontalières”. Il rêve parfois que les relations entre Berne et Bruxelles fonctionnent aussi bien que la coopération transfrontalière sur l’approvisionnement en eau potable autour du lac de Constance, un exemple parmi d’autres.

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