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La Suisse tient la route

(Keystone-ATS) Bien sûr, il manque du tranchant dans les vingt derniers mètres. Mais il ne faut pas faire la fine bouche: l’équipe de Suisse tient parfaitement la route dans cet Euro 2016.

Qualifiée pour les huitièmes de finale à la faveur de sa deuxième place dans le groupe A devant l’Albanie et la Roumanie, la Suisse a parfaitement rempli la première partie de son contrat. Pour honorer la seconde, il revient aux attaquants d’élever leur niveau de jeu. Breel Embolo, Haris Seferovic et Xherdan Shaqiri, lequel est une véritable énigme depuis le début du tournoi, n’ont plus le choix. Leur Euro tournera au fiasco s’ils ne parviennent pas à lâcher – enfin – les chevaux samedi à Saint-Etienne.

Un grand Fabian Schär

La discrétion des attaquants ne doit toutefois pas noircir le tableau. Sous la régie d’un Granit Xhaka étincelant, la sélection de Vladimir Petkovic pratique un football remarquable. Comme l’admettait Didier Deschamps, la Suisse a eu la maîtrise du jeu dimanche soir à Lille. Par sa vista, le futur joueur d’Arsenal donne le bon ton. Mais Granit Xhaka n’est pas tout seul. Derrière lui, Fabian Schär est en passe de redevenir le joueur formidable de l’automne 2013, celui qui avait signé un doublé à Oslo contre la Norvège. Avec un impact bien plus prononcé sur le plan défensif. A Lille, il fut tout simplement intraitable pour recevoir la meilleure note du match – un 7 – de “L’Equipe”.

Sur la même ligne que Granit Xhaka, Valon Behrami fait du… Valon Behrami. Le “grand frère” est toujours aussi précieux dans son rôle de sentinelle de la défense, capable ainsi de crever un ballon dans un duel pour rattraper une approximation de Djourou en seconde période. Capable surtout de lire parfaitement le jeu pour soulager Djourou justement et Schär.

Enfin devant lui, Granit Xhaka peut s’appuyer sur un Blerim Dzemaili qui aura dû attendre d’avoir 30 ans pour donner enfin sa pleine mesure en sélection. Sélectionné à la Coupe du monde 2006 en Allemagne où il n’a toutefois pas quitté le banc des remplaçants, blessé en 2008 et en 2010, le Zurichois avait été, on s’en souvient, le héros malheureux du huitième de finale de la Coupe du monde 2014 à Sao Paulo face à l’Argentine avec sa reprise sur le poteau dans le temps additionnel des prolongations.

Un manque d’élégance criant

Cette rencontre de Sao Paulo avait été la dernière bataille livrée par Ottmar Hitzfeld à la tête de l’équipe de Suisse. Cette élimination contre l’Argentine ne lui aura pas permis finalement de présenter un bilan conforme à son aura à l’issue de son mandat de six ans. Aujourd’hui, on sent comme une pointe de rancoeur de sa part à la lecture de ses impressions livrées à “L’Equipe” à l’issue de ce Suisse – France. Selon l’ancien mentor du Borussia Dortmund et du Bayern Munich, “la Suisse va devoir élever son niveau de jeu qui est décevant depuis le début de la compétition pour parvenir au stade des quarts de finale.” Pire, il affirme que “les cadres de l’équipe tels que Xhaka, Shaqiri et Djourou doivent faire mieux”. La remarque vaut pour Shaqiri mais certainement pas pour Xhaka et Djourou. Avant, pour terminer, d’affirmer que “Xhaka n’est pas le seul grand joueur à avoir déçu lors de cette phase de groupes.”

De tels propos laissent pantois. S’il ne s’agit pas d’une erreur de traduction, ils relèvent d’un manque d’élégance criant. Comment Ottmar Hitzfeld peut-il porter un tel jugement sur Granit Xhaka ? On peut chercher une explication dans le dépit qu’il peut ressentir face à une évidence qu’il avait toujours refusé d’admettre: celle de placer Granit Xhaka face au jeu et non dos au but comme il l’a fait pendant trois ans avec ce rôle de 9,5 qui n’était pas le sien. Aujourd’hui, Granit Xhaka rayonne sous les ordres d’un sélectionneur qui, lui, lui a donné les clés du camion.

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