Des perspectives suisses en 10 langues

La tuberculose fait encore 1,5 million de morts dans le monde

(Keystone-ATS) La tuberculose a tué l’an dernier plus de 1,5 million de personnes dans le monde, a affirmé mercredi l’OMS. Des lacunes importantes persistent, en particulier pour détecter les cas de résistance aux médicaments.

Le nombre total de nouveaux cas de tuberculose, soit 9,6 millions, a été plus élevé l’an dernier que les années précédentes, selon le rapport annuel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle précise toutefois que ce chiffre reflète l’amélioration des données nationales et des études plus approfondies plutôt qu’une augmentation de la propagation de la maladie.

Dans le détail, la tuberculose a tué en 2014 890’000 hommes, 480’000 femmes et 140’000 enfants. Sur les 1,5 million de morts, 400’000 étaient co-infectés par le VIH. Le virus du sida a tué l’an dernier 1,2 million de personnes.

La plupart des décès auraient pu être évités, selon l’OMS. Plus de la moitié des cas de tuberculose dans le monde (54%) se sont produits en Chine, en Inde, en Indonésie, au Nigeria et au Pakistan.

Combler des lacunes

“Nous sommes encore confrontés à 4400 décès par jour, un chiffre inacceptable dans une ère où l’on peut diagnostiquer et guérir pratiquement tous les cas”, a déclaré le Dr Mario Raviglione, directeur à l’OMS du Programme mondial de lutte contre la tuberculose.

Pour réduire le fardeau global de la tuberculose, il faut combler les lacunes en matière de détection et de traitement, les déficits de financement et mettre au point de nouveaux outils diagnostiques, de nouveaux médicaments et de nouveaux vaccins, indique le rapport.

Plus d’un tiers des 9,6 millions de cas recensés n’a pas été diagnostiqué ou notifié aux autorités, ce qui reflète une lacune importante au niveau de la détection.

Cas de résistance

Parmi les nouveaux cas, l’OMS estime que 3,3% ont eu une tuberculose multirésistante (T-MR), un niveau demeuré inchangé. Les trois pays recensant le plus grand nombre de cas de T-MR sont la Chine, l’Inde et la Russie.

Pour ces cas, les lacunes dans la détection et le traitement sont particulièrement graves. Sur les 480’000 cas survenus l’an dernier, selon les estimations, seulement 123’000 ont été notifiés aux autorités nationales. Le taux moyen de guérison des cas traités de T-MR atteint seulement 50%.

Selon Médecins sans frontières (MSF), ces nouvelles données “montrent que le diagnostic de la tuberculose multirésistante évolue dans le mauvais sens”. Le nombre total de personnes diagnostiquées l’an dernier a été plus bas que l’année précédente, alors que le nombre total de cas est resté stable, relève l’ONG.

Coup de semonce

“Une année de plus de statistiques décevantes devrait servir de coup de semonce. Un énorme travail est nécessaire pour lutter contre cette maladie ancienne et guérissable”, a affirmé MSF.

“Les formes de tuberculose résistantes aux médicaments vont continuer de se propager à moins que le fossé entre les personnes malades et les personnes traitées ne se réduise”, a averti l’ONG.

“Une des principales raisons des lacunes au niveau de la détection et du traitement tient à un déficit majeur de financement”, a affirmé le Dr Winnie Mpanju-Shumbusho, sous-directrice générale à l’OMS pour le VIH, la tuberculose et le paludisme. Cette année, il s’est monté à 1,4 milliard de dollars sur les huit milliards nécessaires pour une mise en oeuvre totale des interventions.

Il faut en plus combler un déficit annuel de 1,3 milliard pour la recherche, visant à mettre au point de nouveaux outils de diagnostic, de nouveaux médicaments et de nouveaux vaccins. L’ONU veut faire baisser la mortalité due à la tuberculose de 90% d’ici à 2030. Elle a baissé d’environ de moitié depuis 1990.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision