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Lac de Neuchâtel: sauvegarde de trois épaves au large de La Tène

Une vue de l'épave du 18e siècle, chargée de blocs de calcaire. fondation Octopus sda-ats

(Keystone-ATS) Plusieurs épaves de différentes époques, dont un chaland gallo-romain du 2e siècle, ont été découvertes au large de La Tène, dans le lac de Neuchâtel. Elles ont fait l’objet d’un programme de sauvetage et de documentation scientifique.

“C’est une chance unique d’avoir trois épaves, représentant 2000 ans d’histoire, sur quelques kilomètres”, a déclaré vendredi au Laténium à Hauterive (NE) Julien Pfyffer, fondateur et président d’Octopus. La fondation lausannoise, qui travaille d’habitude sur des projets en mer, a choisi de sélectionner le projet notamment pour cela.

Le chaland gallo-romain du 2e siècle transportait 20 tonnes de blocs de calcaire des carrières du Jura jusqu’au lac de Morat (FR), et même jusqu’à Aventicum (Avenches) grâce à un canal construit par les Romains. “De nombreux bateaux circulaient sur le lac car on a calculé qu’il devait y avoir cinq transports par jour pendant dix ans, rien que pour construire l’enceinte d’Avenches”, a expliqué Fabien Langenegger, archéologue.

Les deux autres épaves sont un bateau-balise du 16e siècle, qui donnait l’endroit de l’embouchure du canal de La Thielle et une embarcation marchande du 18e siècle, qui avait fait naufrage avec sa cargaison de plusieurs tonnes de blocs calcaires. “Le commerce de pierres a perduré depuis les Romains jusqu’au 19e siècle. Comme les bateaux, chargés de cailloux, ont été cloués au sol, on a pu les retrouver et ils n’ont pas été disséminés”, a ajouté Fabien Langenegger.

“De très bons marins”

“On a été étonné de découvrir que les bateaux ont très peu changé depuis l’époque romaine et jusqu’au 18e siècle. Les embarcations sont élancées, assez fines avec une faible hauteur. Les marins longeaient les côtes avec de longues perches. Avec les conditions météo qui changeaient très vite, ils devaient être de très bons marins”, a précisé Julien Pfyffer.

Comme les épaves sont particulièrement exposées aux dégradations dues à l’érosion et à la navigation qui s’intensifie dans cette zone du lac, l’opération visait aussi à réaliser une documentation systématique et exhaustive des vestiges immergés et à les sauvegarder.

Un ballon dirigeable a été utilisé pour détecter les épaves et de nombreuses plongées ont eu lieu. Environ 500 photos ont été faites sous l’eau, mais des mesures ont aussi été prises en milieu aquatique. Des modèles 3D ont permis d’avoir une vue d’ensemble des vestiges.

Conservation sous l’eau

Une fois l’opération terminée, les épaves ont été réensablées. “Le meilleur moyen de les conserver est de les garder sous l’eau. On a eu la chance de pouvoir les réensabler dans le même état, qu’avant les fouilles. C’était très émouvant de les voir à nouveau disparaître”, a ajouté Fabien Langenegger.

Les bateaux du 16e et du 18e ont été étudiés sur place. Les pièces du chaland gallo-romain, ont été sorties de l’eau et immergées au large de Laténium. “Durant le trajet de 30 minutes, on a arrosé les pièces, comme si c’était une baleine échouée”, a précisé Julien Pfyffer.

L’opération, mise sur pied par la section archéologie de l’Office du patrimoine et de l’archéologie du canton de Neuchâtel (OPAN) avec le partenariat d’Octupus, a été réalisée entre avril 2019 et septembre 2020.

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