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Lausanne: Aquatis se prépare pour son ouverture au printemps

Une raie placée en quarantaine dans l'attente de l'ouverture du plus grand Aquarium-vivarium de Suisse au printemps prochain à Lausanne. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Quelque 100’000 pastilles en aluminium habillent le bâtiment, sur les hauts de Lausanne. Elles bougent et scintillent au soleil, comme les écailles d’un poisson. Aquatis, le plus grand aquarium-vivarium de Suisse, se prépare à ouvrir ses portes au printemps 2017.

Il a fait un long voyage et s’acclimate bien. Un poisson alligator de près d’un mètre glisse doucement dans l’eau d’un bassin. Placé en quarantaine, il attend les neuf congénères qui le rejoindront bientôt.

Ce gros poisson d’eau douce arrive de l’aquarium de Singapour. Il a pris l’avion jusqu’aux Pays-Bas, puis a voyagé par camion, protégé dans une boîte en bois. Il a fait le trajet seul, pour tester le dispositif. “Cela s’est super bien passé”, se réjouit Angélique Vallée-Sygut, la directrice d’Aquatis qui était auparavant cheffe de projets au Musée océanographique de Monaco.

En quarantaine

Les poissons qui commencent à arriver à Aquatis sont placés en quarantaine, au rez-de-chaussée. Pour éviter d’amener des germes, on nettoie ses chaussures au désinfectant avant d’entrer. Une trentaine de cuves vertes et bleues se côtoient dans cet espace. L’une accueille les raies tachetées, et leurs trois petits nés il y a deux semaines.

“Le transport des poissons est délicat”, explique Mme Vallée-Sygut, biologiste. “Plus l’animal est grand, plus c’est difficile”.

En plein chantier

Tout autour de la zone de quarantaine, les ouvriers s’activent. Le chantier avance à grands pas. La coque du bâtiment est terminée mais il faut les explications de la directrice pour imaginer le futur Aquatis.

Les décors commencent à être installés. Des troncs d’arbres ciselés dans du béton – “du travail d’artiste”, admire Mme Vallée-Sygut – se dressent dans le grand aquarium. De faux palétuviers, encore emballés, attendent dans un coin. Un nuage de poussière s’élève du futur bassin des raies où un ouvrier ponce le béton: ils préparent le revêtement pour l’étanchéité.

Serre tropicale

Le parcours d’exposition se déploiera sur deux niveaux. Le premier étage sera dédié au continent européen, en particulier au Rhône de sa source à son embouchure en Camargue (F). Puis le visiteur passera par l’Afrique, l’Asie, l’Océanie et terminera son cheminement en déambulant dans une serre tropicale amazonienne.

“Aquatis, c’est plus qu’un aquarium et un vivarium. C’est un voyage à travers les cinq continents. On va amener les visiteurs à découvrir la faune et la flore des milieux aquatiques d’eau douce. Et ils seront surpris, car les milieux d’eau douce sont méconnus”, explique la directrice.

Poissons colorés du lac Malawi, arapaimas et arowanas d’Amazonie, poissons spatules du Mississipi mais aussi crocodiles sacrés et dragon de Komodo: près de 10’000 animaux sont attendus. Ils prendront place dans une cinquantaine d’aquariums et de terrariums. Le plus grand bassin contiendra pas loin d’un million de litres d’eau.

Loisirs et éducation

Aquatis veut être un espace de loisirs et d’éducation et aussi une plate-forme d’échanges avec les scientifiques. “La scénographie sera très immersive, il n’y aura pas de panneaux que personne ne lit. Dès l’entrée, on ne va pas lâcher le visiteur”, annonce Mme Vallée-Sygut.

Le parcours sera interactif: la prise d’un objet déclenchera une projection. “On pourra faire plusieurs fois la visite, on verra toujours des choses différentes”, ajoute-t-elle. L’immersion sera totale dans le tunnel vitré qui fait un coude sous le grand bassin. “Nous aurons huit à neuf mètres d’eau au-dessus de nos têtes.”

Aquatis sensibilisera aux problématiques liées à l’eau douce, comme la présence des micropolluants dans les lacs ou la répartition inégale de l’eau dans le monde. Des collaborations sont prévues avec les Universités de Lausanne et de Genève, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et la convention de Ramsar.

La mise en eau des grands bassins débutera en septembre, mais le transfert des animaux ne commencera vraisemblablement qu’en janvier. Durant deux mois environ, il faudra immerger les décors en béton pour les laver des substances qu’ils contiennent, toxiques pour les poissons.

Fréquentation élevée

L’aquarium ouvrira au printemps, après Pâques, à une date encore indéterminée. Il compte attirer 450’000 visiteurs annuels la première année, puis 380’000 visiteurs. Des chiffres élevés. A Corsier-sur-Vevey, le musée Chaplin vise les 300’000 visiteurs.

“C’est un objectif clairement atteignable, le produit est fantastique, il va au-delà de la présentation d’animaux vivants”, fait valoir la directrice. “Ce projet est unique en Suisse, et même au-delà. Je ne connais pas un tel concept ailleurs, qui mêle reptiles et poissons dans une scénographie aussi moderne et immersive”.

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