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Le “roi de l’évasion” Walter Stürm s’est suicidé il y a 20 ans

De recours en grèves de la faim, Walter Stürm s'est souvent élevé contre ses conditions de détention (archives). KEYSTONE/RENE RITLER sda-ats

(Keystone-ATS) Walter Stürm a passé la moitié de sa vie en prison ou en cavale. Il y a 20 ans, le “roi de l’évasion” se suicidait dans sa cellule du centre de détention préventive de Frauenfeld. Soupçonné du braquage d’une banque six mois après sa dernière peine, il avait 57 ans.

Fils d’une famille d’industriels de Goldach (SG), Walter Stürm a occupé la Justice dès l’âge de 19 ans. Son amour pour les voitures de sport avait alors déjà mis le jeune carrossier sur la mauvaise voie: en 1963, il s’était offert une Lotus en vendant des voitures volées. Le Musée criminel de la police st-galloise expose aujourd’hui encore une plaque d’immatriculation falsifiée de Walter Stürm.

Cambrioleur et falsificateur

C’était le début d’une longue série de plusieurs centaines de délits commis par le St-Gallois, cambriolages en tête. Magasins et locaux d’entreprises n’étaient alors pas encore équipés de systèmes d’alarme et de vidéosurveillance.

Conscient d’avoir enfreint la loi, il ne s’en formalisait pas pour autant. Walter Stürm falsifiait des passeports, des permis de conduire et des papiers de véhicules. Il changeait d’apparence physique, d’identité, de voiture, disparaissait et ressurgissait à l’étranger.

“Parti chercher des oeufs de Pâques”

Le criminel s’est évadé huit fois de prison. Parfois, il ne revenait simplement pas de ses permissions de sortie. Le dernier coup du genre du roi de l’évasion date de 1995. Walter Stürm ne revenait alors pas au pénitencier de Bochuz (VD) à l’issue de son congé.

Au total, il a vécu huit ans en cavale. Son évasion la plus retentissante date d’avril 1981 à Regensdorf (ZH). Il laissait alors un billet dans sa cellule, sur lequel il avait inscrit: “Suis parti chercher des oeufs de Pâques. Stürm”.

Conditions de détention

Walter Stürm s’est souvent plaint de ses conditions de détention. Des milieux de gauche organisaient des manifestations contre son isolement. Les demandes d’assouplissement émanaient aussi de psychiatres ou d’intellectuels, l’écrivain Niklaus Meienberg en tête.

Placé en secteur sécurisé en mars 1987, le roi de l’évasion recourait pour la première fois à une grève de la faim, à laquelle il mettait un terme après un peu plus de 100 jours. Il laissait aussi des traces à l’Hôpital de l’Ile, à Berne: sa ténacité a obligé l’établissement à aménager une cour de promenade pour les détenus séjournant en secteur surveillé.

En juin 1992, Walter Stürm a tenté de mettre fin à ses jours à la prison de Brigue (VS). Transporté à l’Hôpital universitaire de Genève, il entamait une nouvelle grève de la faim, accusant la justice valaisanne de retarder délibérément son procès.

Séjour valaisan sans évasion

En mars 1993, il déclarait à un journaliste TV, venu l’interviewer en prison dans sa cellule d’isolement, qu’il continuait à s’élever contre les autorités. Il soulignait aussi n’avoir utilisé une arme à feu qu’une seule fois, mais que sa culpabilité n’était pas prouvée, “En liberté, je rénoverais volontiers des voitures anciennes”, disait celui qui vivait alors enfermé 23 heures sur 24.

Condamné en 1992 à 12 ans de prison, Walter Stürm voyait en 1994 le Tribunal cantonal valaisan réduire sa sanction à 10 ans et demi en deuxième instance. En octobre 1998, il bénéficiait d’une libération conditionnelle après avoir purgé deux tiers de sa peine. Durant son séjour, il ne s’était jamais évadé et était revenu dans sa cellule à la fin de chaque permission de sortie.

Dernière arrestation: surprise générale

A l’époque, son avocate déclarait que Walter Stürm n’était pas en bonne santé, ses sept ans passés en isolement ayant laissé des traces. La surprise était d’autant plus grande, en mars 1999, lorsqu’il était arrêté une nouvelle fois, soupçonné d’avoir braqué une banque avec un autre criminel célèbre, Hugo Portmann, qui s’était évadé du pénitencier de Realta (GR).

Placé en détention préventive à Frauenfeld durant six mois, il refusait de répondre aux questions des enquêteurs. Le Tribunal fédéral refusait en outre sa demande de libération.

Le matin du 13 septembre de la même année, Walter Stürm n’a donné aucun signe de vie lorsqu’on lui a amené son petit déjeuner. Après avoir ouvert la porte de sa cellule, les policiers le découvraient mort. Il s’était étranglé avec un sac-poubelle.

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