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Le Canada indemnise les autochtones arrachés enfants à leur famille

L'Etat canadien va indemniser des milliers d'Amérindiens et Inuits (photo) placés contre leur gré dans des familles d'accueil dans les années 60 (archives). KEYSTONE/AP/DAVID GOLDMAN sda-ats

(Keystone-ATS) L’Etat canadien va indemniser des milliers d’Amérindiens et Inuits placés contre leur gré dans des familles d’accueil dans les années 60. Il s’agit d’une page noire des difficiles relations entre autochtones et descendants des immigrants coloniaux.

Vendredi, la ministre canadienne en charge des relations avec les autochtones Carolyn Bennett a annoncé une enveloppe maximale de 800 millions de dollars (550 millions d’euros) pour indemniser les victimes arrachées à leur culture et qui avaient engagé en 2010 une action en nom collectif contre le gouvernement. “La rafle des années 1960 est un chapitre sombre et douloureux de l’histoire du Canada”, a indiqué le gouvernement qui va, avec les autochtones, trouver “les mots pour les excuses”, à indiqué Mme Bennett.

Entre les années 1960 et 1980, des enfants autochtones ont été retirés de leur environnement familial pour être placés ou adoptés par des Canadiens ou encore en Europe et aux Etats-Unis.

Selon des responsables autochtones, “la rafle” pourrait concerner environ 20’000 victimes. Pour le gouvernement, “l’entente de principe prévoit au moins 500 millions et au plus 750 millions de dollars” canadiens (340 à 510 millions d’euros) pour les indemnisations. A cela s’ajoutent 50 millions pour la création d’une fondation centrée sur “la réconciliation”.

Avec cette fondation, les survivants pourront “se réapproprier une véritable identité personnelle culturelle”, a estimé Mme Bennett.

Politique d'”assimilation”

L’accord résonne comme “un grand espoir” avec l’espérance que “cela n’arrivera plus jamais au Canada”, a déclaré Marcia Brown Martel, une des victimes qui a participé aux négociations sur le règlement.

“Les personnes touchées par la rafle nous ont dit que la perte de leur culture et de leur langue sont parmi les pires préjudices qu’elles ont subis”, a souligné avec émotion Carolyn Bennett, entourée de victimes, lors d’une conférence de presse.

Parmi elles, quatre avaient été envoyées aux Etats-Unis, une autre parle maintenant avec un accent écossais et une autre avait été placée dans une famille en Nouvelle-Ecosse à 6000 km de son petit village natal en Arctique.

Cet épisode de l’histoire récente s’ajoute à la scolarisation de force dans des pensionnats, souvent régis par l’Eglise catholique, de plus de 150’000 enfants indiens, métis et inuits, de la fin du 19e siècle aux années 1970.

De cette politique d'”assimilation”, selon le terme alors employé, environ 80’000 personnes sont toujours en vie. La plupart de ces pensionnats ont été fermés depuis.

Intervention de Trudeau

Une commission de vérité et réconciliation a recueilli le témoignages de quelque 7000 anciens élèves de pensionnats et la juge en chef de la Cour suprême Beverley McLachlin avait estimé en 2015 que si “dans le langage de l’époque, c’était de l’assimilation, dans le langage du 21e siècle, (c’est) un génocide culturel”.

A son arrivée au pouvoir fin 2015, Justin Trudeau a engagé un rapprochement avec les populations autochtones et a invité, en mai dernier, le pape François à venir au Canada pour présenter des excuses aux peuples autochtones.

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