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Le Conseil des Etats prend la défense de la SSR

Le Conseil des Etats se dit satisfait du rapport sur la SSR (archives). KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) Le Conseil des Etats ne veut pas forcer le gouvernement à revoir son rapport sur le service public. Contrairement au National, la Chambre des cantons a pris acte lundi par 37 voix contre 5 et une abstention du rapport présenté en juin.

En commission, le débat et les auditions ont été émotionnels, a dit d’emblée Olivier Français (PLR/VD) au nom de celle des télécommunications. Selon lui, le rapport remis en juin par le Conseil fédéral et qui invite principalement la SSR à se réformer à l’aune de la révolution numérique, est complet. “Nous prenons acte d’un rapport, sachant que demain le Conseil fédéral viendra avec des propositions”, a-t-il rappelé.

Se refusant “à taper sur la SSR, comme cela semble être la mode pour certains”, plusieurs orateurs tels que Beat Vonlanthen (PDC/FR) ont souligné le service de qualité fourni par la SSR et l’importance de celle-ci pour la cohésion du pays.

Le gouvernement défend certes le statu quo, a reconnu Géraldine Savary (PS/VD), mais c’est positif. Il défend la structure financière stable de la SSR, alimentée aussi bien par la redevance que la publicité. Et cela dans des limites qui ne menacent pas l’existence des médias privés.

Viser les jeunes

Oui, le public de la SSR est âgé, a encore admis la Vaudoise, mais le rapport charge justement la SSR de viser davantage les jeunes, auxquels la SSR doit proposer des offres de qualité en matière d’information, de culture et de divertissement.

Le rapport invite également la SSR à collaborer avec les privés, ce qui est prometteur aux yeux de Géraldine Savary. Et de rappeler qu’en Suisse “même les grands sont trop petits face à la concurrence étrangère”.

Le débat sur la SSR s’inscrit dans une discussion plus large sur l’avenir du paysage médiatique suisse, a rappelé la socialiste, évoquant les énormes difficultés auxquelles fait face la presse écrite. Et de mentionner les journaux 24heures et la Tribune de Genève, qui doivent annoncer mardi des coupes drastiques.

Le rapport insiste aussi sur la solidarité entre les régions linguistiques à laquelle la SSR contribue largement: cette solidarité n’est pas acquise mais le fruit d’un effort. Il serait fatal pour le pays de mener une discussion sur ce point, dans le contexte des discordes sur l’enseignement précoce du français, a averti Konrad Graber (PDC/LU).

Révolution pas nécessaire

La SSR n’est pas “une petite reine qui dilapide de l’argent”, comme le prétendent ses détracteurs, a renchéri Claude Hêche (PS/JU). Et il n’y a pas de quoi faire une révolution: l’attribution de nouvelles concessions en 2019 offrira l’occasion de procéder à des adaptations de son mandat.

Le rapport ne fait que constater la validité – toujours actuelle – du mandat constitutionnel de la SSR, a déclaré la ministre des télécommunications Doris Leuthard. “Nous ne sommes pas à côté de la plaque”, a-t-elle ajouté.

La SSR n’a pas tout bon, mais lui faire endosser par exemple la situation parfois dramatique des certains médias privés est un peu court, selon la conseillère fédérale. Il faut lui garantir un degré d’indépendance élevé afin d’assurer une qualité élevée. Avec 1,2 milliard de francs en redevances par an, elle a pour mandat de fournir un service public de qualité.

Au final, le Conseil des Etats a refusé de suivre une minorité emmenée par Hannes Germann (UDC/SH), qui s’est défendu de vouloir “taper sur la SSR” et qui voulait renvoyer le rapport au Conseil fédéral. Il souhaitait uniquement le charger de mieux définir la desserte de base assurée par la SSR, eu égard du passage à l’ère numérique et de la concurrence des privés.

Le Schaffhousois invitait également le gouvernement à détailler la notion d'”information journalistique pertinente pour la démocratie” et les “thèmes de la presse de boulevard”.

Le National veut un nouveau rapport

La semaine dernière, le Conseil national a réclamé au Conseil fédéral un rapport complémentaire sur le service public d’ici la fin de l’année. La majorité de droite de la Chambre du peuple a jugé le rapport incomplet et peu prospectif. Selon elle, il ne met pas assez l’accent sur les dernières évolutions technologiques.

Le Conseil national a adopté d’extrême justesse un postulat sur le principe de subsidiarité. Ainsi, la SSR ne devrait être active que lorsque les médias privés ne peuvent ou ne veulent pas l’être. Sur Internet, la SSR devrait se contenter de jouer le rôle d’une vidéothèque et audiothèque.

Un autre postulat adopté demande au Conseil fédéral de présenter dans son rapport quatre variantes de budget, en fonction des recettes provenant de la redevance. L’Etat doit se demander si la SSR pourrait fournir ses prestations impératives avec moins d’argent.

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