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Le Conseil suisse de la science prône davantage de créativité

(Keystone-ATS) Davantage de créativité dans les universités, moins d’évaluations selon le nombre de publications et un meilleur encouragement de la relève indigène. Ce sont les recettes prônées lundi par le Conseil suisse de la science et de l’innovation à l’occasion de ses 50 ans.

Le CSSI est l’organe consultatif indépendant de la Confédération pour toutes les questions de politique scientifique. Il n’octroie pas de fonds. Pour son cinquantenaire, il a réalisé une étude qui analyse la collaboration entre les institutions cantonales et fédérales du domaine.

Selon ce rapport présenté devant la presse à Berne, le fort ancrage de la recherche fondamentale et le financement commun de la formation et de la recherche par la Confédération et les cantons garantissent un cadre favorable à l’innovation en Suisse.

Les autres avantages du paysage scientifique suisse sont sa diversité, son haut degré d’internationalisation et sa bonne dotation financière, sans oublier l’attitude des autorités politiques, qui se gardent de toute ingérence dans l’autonomie des hautes écoles.

Méthodes d’évaluation trompeuses

Le CSSI pointe cependant des développements jugés néfastes, notamment certains instruments de mesure des prestations par le biais du volume de fonds tiers ou du nombre de publications et de citations dans les revues scientifiques. “Ces données chiffrées sont trompeuses, car elles rendent compte des activités intellectuelles en des termes réducteurs, purement mesurables et comptables”, écrit le CSSI.

De telles évaluations vont à l’encontre de la créativité, de la curiosité et de l’élan demandé aux chercheurs, “cela contredit la nature même du travail scientifique”, a relevé Peter Fröhlicher, membre du CSSI. “L’excellence risque d’en faire les frais”, a-t-il ajouté.

Le CSSI plaide par conséquent pour une nouvelle manière d’aborder les évaluations afin d’en faire un processus fondé avant tout sur la confiance. Il prône une simplification maximale des procédures d’assurance qualité.

Le but premier doit être de renforcer la motivation des chercheurs en leur faisant confiance dès le début. Ce n’est pas le contrôle absolu via une “bureaucratie formaliste”, mais la confiance, le dialogue et l’originalité qui font les grandes réussites, a estimé le Pr Fröhlicher.

Promouvoir la relève indigène

Un autre point faible du système suisse est l’encouragement de la relève scientifique indigène. Il s’avère très difficile pour les jeunes chercheurs de concilier vie professionnelle et vie de famille.

Le système se caractérise par une relève universitaire venant en grande partie de l’étranger, une situation “qui risque de montrer ses limites sur le long terme”. Les hautes écoles restent certes tributaires d’un recrutement des meilleurs chercheurs sur la scène internationale, mais elles ne doivent pas pour autant perdre leur ancrage régional, souligne le CSSI.

Le conseil préconise un ensemble de mesures, a déclaré sa présidente Astrid Epiney. Par exemple la création de postes de professeurs assistants avec prétitularisation conditionnelle (“tenure track”) et de postes stables à long terme après le doctorat (maître d’enseignement et de recherche/”senior lecturer”), qui ouvrent des perspectives professionnelles supplémentaires.

“Il s’agit de ne pas perdre les talents”, selon le vice-président du CSSI Gerd Folkers. Une telle flexibilisation est demandée de longue date, mais elle n’a pas encore été mise en pratique à notre satisfaction, a-t-il noté.

Festivités du 50e

Le secrétaire d’Etat Mauro Dell’Ambrogio a fait l’éloge du CSSI, qui “a souvent perçu avec la nécessaire anticipation les thèmes importants dans le domaine de la politique de la science”. La question de la relève par exemple est discutée depuis quatre ans au niveau du Conseil fédéral.

A l’occasion de son demi-siècle, le CSSI a organisé lundi à Berne un un séminaire sur les constellations d’acteurs du domaine et les perspectives futures. Des invités de Suisse et d’ailleurs participent à la soirée en présence du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann. Mardi se déroule l’assemblée annuelle des conseils scientifiques européens.

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