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Le déclin des plantes alpines pourrait être difficile à détecter

Comme d'autres plantes d'altitude, l'oeillet des Alpes risque fort de ne pas pouvoir s'adapter à l'évolution du climat. Wikimedia Commons / Beyond silence sda-ats

(Keystone-ATS) Avec le réchauffement, les populations de plantes alpines pourraient décliner plus vite que leur aire de répartition, selon une étude avec participation zurichoise publiée dans Nature Communications. Il s’agira de surveiller aussi la densité des populations locales.

Pour les plantes alpines, le changement climatique est un défi particulièrement difficile: pour échapper au réchauffement, ces espèces doivent migrer vers des habitats de plus haute altitude. Mais à cause de la structure pyramidale des Alpes, la surface habitable diminue avec l’altitude.

Pour estimer le risque d’extinction de ces espèces, les scientifiques utilisaient jusqu’à présent des modèles statiques qui ne prenaient pas en compte les réponses dynamiques de la flore.

L’équipe de Fréderic Guillaume, du Département de biologie évolutive et de sciences environnementales de l’Université de Zurich (UZH), en collaboration avec des groupes de recherche à Grenoble (F) et à Vienne, a développé un nouveau modèle qui prend en compte les dynamiques écologiques et évolutives, et propose ainsi des prédictions plus réalistes.

Trois scénarios

Les chercheurs ont utilisé ce modèle pour simuler la dynamique de dispersion et d’adaptation de quatre plantes alpines endémiques en réponse à trois scénarios de changement climatique jusqu’à 2090. Les plantes étudiées sont la campanule d’Autriche (Campanula pulla), la primevère de Clusius (Primula clusiana), l’herbe fétuque dure (Festuca pseudodura) et l’oeillet des Alpes (Dianthus alpinus).

Dans le scénario le plus favorable, qui prédit un réchauffement inférieur à deux degrés d’ici 2090 par rapport à l’ère préindustrielle, les populations de plantes peuvent se rétablir si le réchauffement ralentit après cette date.

“Si le climat continue de se réchauffer au même rythme, en revanche, ces plantes auront un gros problème”, indique Fréderic Guillaume, cité vendredi dans un communiqué de l’UZH. Un problème qui pourra rester indétectable avec des observations superficielles mais qui deviendra évident si les populations sont suivies de près.

Ce problème vient du fait que la longévité des plantes alpines leur permet de se maintenir dans les habitats qu’elles occupent actuellement alors que de moins en moins de plantules parviennent à s’y installer.

Manque de renouvellement

Cette longévité empêche le renouvellement de la population. Les plantes déjà installées sont de plus en plus mal adaptées mais peu fragiles, et produisent des graines mal adaptées et sensibles au nouvel environnement.

De ce manque de renouvellement résulte le déclin des populations. “La taille des populations décline plus vite que la vitesse d’adaptation ou de colonisation de nouveaux habitats favorables”, a expliqué le Pr Guillaume à l’ats.

Les scientifiques ont également effectué des simulations avec des taux de mutations génétique plus ou moins élevés. Or sur ces plantes à longue durée de vie, cela ne fait aucune différence, note le chercheur.

Le changement climatique est trop rapide pour qu’elles puissent s’y adapter. Les scientifiques concluent que les capacités de dispersion et les effectifs des populations locales doivent être mesurés pour anticiper une évolution difficile à prévoir par de simples inventaires d’espèces.

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