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Le gouvernement grec prêt à aller jusqu’au bout

(Keystone-ATS) Le gouvernement d’Alexis Tsipras, très soutenu par les Grecs, se préparait dimanche pour l’Eurogroupe de lundi dont le sort du pays dépend, avec la volonté de tout faire pour trouver un accord, sans pour autant annoncer de concessions.

“Notre position, basée sur la logique, est forte, et conduira à un accord, même à la dernière minute voire après la dernière minute”, a indiqué dans une interview à Kathimerini dimanche le ministre des Finances Yanis Varoufakis.

Selon M. Varoufakis, tant les Grecs que le reste de l’UE “feront tout ce qu’il faut pour éviter un résultat qui affaiblisse l’unité de la zone euro”.

Le ministre s’est dit convaincu que “l’Europe sait conclure des accords honorables à partir d’honorables désaccords”. Il a évoqué un niveau d’optimisme “important” à la veille de la réunion lundi des 19 ministres des Finances de l’Eurogroupe.

Cette réunion est déterminante, mais risquée. Le nouveau gouvernement de gauche radicale Syriza d’Alexis Tsipras veut rompre avec les programmes d’aide imposés à la Grèce depuis cinq ans par l’UE, la BCE et le FMI, et qui ont considérablement pesé sur la vie quotidienne de la population, en échange de 240 milliards d’euros de promesses d’aide.

Maîtrise des réformes

La Grèce semble résolue à faire des réformes, mais qui seraient contenues dans un nouveau programme dont Athènes aurait cette fois la maîtrise.

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis, dimanche, a affirmé sur Skai TV que “le gouvernement est déterminé à honorer ses engagements” vis-à-vis des électeurs et “ne poursuivra pas le programme tel qu’il était jusqu’alors”. Tout en trouvant une solution “qui profite à tout le monde”, a-t-il dit lui aussi.

“Il n’y a pas de plan B”, a annoncé de son côté M. Varoufakis. Or l’UE, pour l’instant, ne veut s’engager qu’à une “extension” du programme en cours, qui s’achève le 28 février. Le risque d’une sortie de la Grèce de la zone euro est important s’il n’y a pas d’accord lundi et si le pays est ainsi contraint à ne pas pouvoir honorer ses engagements financiers.

Des discussions ont encore eu lieu samedi, sous forme “d’échange de vues pour une meilleure compréhension des positions de chacun”, a déclaré un officiel de l’UE samedi. De ces discussions doit sortir un rapport qui sera présenté à l’Eurogroupe.

Points de friction

Or, M. Varoufakis prévient dans son interview qu’il reste des points de friction, notamment sur les privatisations, sur lesquels le nouveau gouvernement veut en grande partie revenir, ou les droits des salariés dans l’entreprise.

Vendredi, le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, s’était dit “très pessimiste” sur la possibilité d’un accord lundi. De son côté, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a également évoqué samedi la perspective de “négociations difficiles”. “Le soutien du peuple grec sera de nouveau notre force”, avait-il ajouté.

Le gouvernement a en effet derrière lui une large majorité de Grecs : 60,6% des personnes interrogées par Kapa Research pour le journal To Vima de dimanche ont une bonne opinion de lui, contre 37,1% qui pensent le contraire. Les Grecs cependant n’envisagent qu’à 48,1% un succès des négociations, et à 51,1% un échec.

Le gouvernement comptait aussi sur les manifestations de soutien à ses demandes, dimanche, en Grèce, Paris ou Lisbonne. Samedi à Rome, déjà, plusieurs centaines de manifestants ont défilé à l’appel d’organisations, syndicats et partis de gauche, pour soutenir les positions anti-austérité du gouvernement grec.

Le gouvernement Tsipras a aussi reçu un soutien inattendu dimanche : l’ancien Premier ministre socialiste Georges Papandréou, qui avait été pourtant le premier à accepter en 2010 que son pays soit mis sous programme d’assistance, a écrit aux 28 dirigeants européens pour leur demander de trouver “un accord mutuellement profitable”, en insistant sur tous les efforts déjà consentis par les Grecs, qui souffrent encore d’un chômage à plus de 25%.

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