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Le ministre sud-africain des finances limogé

Pravin Gordhan (au centre) s'était efforcé de tenir les cordons d'une économie sud-africaine au ralenti et endettée (archives) KEYSTONE/AP/SCHALK VAN ZUYDAM sda-ats

(Keystone-ATS) Le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé jeudi soir avoir procédé à un remaniement très attendu de son gouvernement. Son ministre des finances Pravin Gordhan en a fait les frais. Il a été limogé.

Le sort de M. Gordhan, très respecté des marchés, a nourri de vives tensions au sein du Congrès national africain (ANC, au pouvoir), qui doit désigner en décembre prochain le successeur de Jacob Zuma à sa tête dans la perspective des élections générales de 2019.

Le portefeuille des finances a été attribué à celui qui était jusque-là ministre de l’intérieur, Malusi Gigaba, considéré comme un fidèle du chef de l’Etat, a précisé M. Zuma dans un court communiqué.

Ce remaniement d’ampleur est marqué par la nomination de dix nouveaux ministres et de dix nouveaux vice-ministres.

Conflit ouvert

M. Zuma a fixé au nouveau gouvernement pour mission de “mettre en oeuvre une transformation socio-économique radicale afin de faire du rêve d’une meilleure vie pour les pauvres et les classes populaires une réalité”, a-t-il dit.

Depuis plusieurs mois déjà, la bataille faisait rage entre M. Zuma, mis en cause dans une litanie de scandales de corruption, et M. Gordhan, sur la bonne gestion des deniers publics.

Elle a pris un tour critique lundi lorsque le chef de l’Etat a brusquement interrompu une tournée de promotion auprès des investisseurs de son ministre au Royaume-Uni en lui ordonnant de rentrer toutes affaires cessantes en Afrique du Sud.

“Monsieur Propre”

Pravin Gordhan savait ses jours comptés. Jacob Zuma était convaincu que son ministre profitait de ses tournées à l’étranger pour miner sa réputation. Aussi calme et mesuré en public qu’il était intransigeant en coulisses, le désormais ex-ministre a confirmé en quinze mois sa réputation de probité. Il a aussi rassuré les investisseurs.

“Nous avons la responsabilité de faire avancer ce pays dans la bonne direction, pas seulement pour remplir nos poches et pour nous-mêmes, mais pour le bénéfice de millions de Sud-Africains”, avait-il lancé mercredi, défiant, devant les caméras.

Dès sa première nomination à la tête du prestigieux département du Trésor en 2009, il avait donné le ton. “On ne tolérera pas la corruption. Nous agirons énergiquement contre le gaspillage”, avait-il affirmé en présentant à ce moment-là son premier budget.

Pravin Gordhan avait été arrêté et emprisonné plusieurs fois dans les années 80 pour ses activités politiques. Son engagement lui a valu de jouer un rôle clé auprès du futur président Nelson Mandela dans les discussions qui conduisirent l’Afrique du Sud vers ses premières élections libres en 1994.

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