Des perspectives suisses en 10 langues

Le Musée d’ethnographie de Genève se penche sur les arts aborigènes

L'exposition du Musée d'ethnographie de Genève (MEG) "L'effet boomerang. Les arts aborigènes d'Australie" se tient du 19 mai au 7 janvier. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) La nouvelle exposition du Musée d’ethnographie de Genève (MEG) se consacre aux arts aborigènes d’Australie. Et met notamment en lumière la créativité artistique déployée par les peuples autochtones quand la colonisation a cherché à faire table rase de leurs cultures.

Terra nullius. Une terre qui n’a pas de maître, n’est gérée par aucun Etat. C’est ainsi que le Britannique James Cook qualifie l’Australie lorsqu’il y débarque en 1770 faisant fi des différents peuples qui y résident. L’île, où vivent environ 750’000 personnes regroupés en 250 groupes linguistiques, est colonisée. Les cultures autochtones plus que menacées.

Mais la volonté du colon de supprimer ces cultures locales aura l’effet inverse. D’où le titre de l’exposition qui s’ouvre ce vendredi 19 mai au MEG: “L’effet boomerang. Les arts aborigènes d’Australie”.

Culture forte

Au fil de la visite, on découvre la créativité déployée par les Aborigènes ou “la revanche de la culture qui s’affirme plus forte que tout”, selon Philippe Mathez, directeur de projet, mercredi devant la presse.

Divisée en quatre parties, l’exposition présente plus de 340 objets issus des collections du musée, auxquels s’ajoutent une quarantaine d’oeuvres empruntées. Des boomerangs, des boucliers, des photographies, des peintures ou encore des instruments de musique sont exposés.

Classés en photos

On peut par exemple s’arrêter sur ces visages d’hommes et de femmes, immortalisés par Paul Heinrich Matthias Foelsche (1831-1914), policier et photographe allemand émigré en Australie. Des clichés en noir-blanc qui “s’inscrivent dans la lignée de la photographie anthropométrique prônée par les scientifiques évolutionnistes”, explique le dossier de presse.

A côté, du contemporain. La série de photographies “Mother” de l’artiste Michael Cook, né en 1968 et d’origine bidjara. On y voit une mère sans son enfant, mais que différents objets évoquent constamment.

Une manière de rappeler “les générations volées”, souligne la commissaire de l’exposition et conservatrice au MEG Roberta Colombo Dougoud. Pendant près d’un siècle, plus de 50’000 enfants métis ont été enlevés à leur famille par le gouvernement australien pour les placer dans des familles blanches, des missions ou des orphelinats.

Brook Andrew

Dans cette exposition, le travail de Brook Andrew ne passe pas inaperçu. L’homme, qui a notamment des origines wiradjuri, a conçu deux installations au coeur du parcours dont l’une occupe d’ailleurs entièrement la dernière partie. De grands murs peints en noir et blanc où sont notamment diffusées des interviews filmées de personnalités aborigènes.

Imposantes également, les sculptures faites à partir de filets de pêche à la dérive que l’on découvre peu avant. Des tortues et poissons colorés que le visiteur peut observer en levant la tête au ciel. L’exposition se tient jusqu’au 7 janvier 2018.

www.ville-ge.ch/meg

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision