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Le navire d’Open Arms et ses 147 migrants devant Lampedusa

Selon Open Arms, les migrants à bord "savent qu'il n'y a pas de port pour eux, mais voir la terre ferme les calme". KEYSTONE/AP/FRANCISCO GENTICO sda-ats

(Keystone-ATS) Le navire humanitaire de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms se trouvait jeudi juste en face de l’île de Lampedusa avec 147 migrants à bord, en plein débat gouvernemental sur la légitimité de leur présence dans les eaux italiennes.

“J’ai décidé de ne pas signer le nouveau décret du ministre de l’Intérieur destiné à empêcher l’entrée, le transit et l’arrêt dans les eaux territoriales du bateau de l’ONG Open Arms”, a indiqué la ministre de la Défense italienne Elisabetta Trenta jeudi dans un communiqué.

Le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, qui réclame une rotation en Europe des ports de débarquement, avait signé début août un décret interdisant, au nom de la défense de l’ordre public, les eaux italiennes à l’Open Arms. Un tribunal administratif a toutefois suspendu mercredi ce premier décret, suite à un recours d’Open Arms.

Dans la foulée, Matteo Salvini a signé un nouveau décret pour barrer la route au bateau. Son pouvoir de ministre se trouve toutefois grandement affaibli, avoir fait voler en éclat jeudi dernier son alliance gouvernementale formée depuis 14 mois avec le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, anti-système).

Les décrets de M. Salvini doivent notamment être signés par la ministre de la Défense, qui se trouve précisément être membre de M5S, formation qui n’entend de toute évidence plus suivre ses ordres après avoir été lâchée.

“J’ai pris cette décision motivée de solides raisons légales, en écoutant ma conscience. Nous ne devons jamais oublier que derrière les polémiques de ces derniers jours, il y a des enfants et des jeunes qui ont souffert de violences et d’abus de tous types. La politique ne peut jamais perdre de vue l’humanité”, a expliqué Mme Trenta. La veille, elle avait déjà dépêché deux navires pour escorter l’Open Arms, dans un souci d’évacuer les 32 mineurs à bord.

L’ONG Proactiva Open Arms a assuré qu’elle n’envisageait pas d’accoster de force. Jeudi, dans un Tweet, elle a précisé que les migrants à bord “savent qu’il n’y a pas de port pour eux, mais voir la terre ferme les calme”.

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