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Le nombre de cas suspects de choléra au Yémen atteint 1 million

De nombreuses personnes ont été soignées pour des cas suspects de choléra au Yémen (archives). KEYSTONE/AP/HANI MOHAMMED sda-ats

(Keystone-ATS) Le nombre total de cas suspects de choléra au Yémen a dépassé la barre du million, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Médecins Sans Frontières (MSF) a toutefois estimé jeudi à Genève que ce chiffre n’est “pas crédible” et surestime la situation.

Le CICR s’est dit “choqué” par ce seuil franchi dans un pays affecté par près de trois ans de conflit. “La plupart des cas sont probablement des diarrhées”, a relevé devant la presse le coordinateur d’urgence de MSF au Yémen Marc Poncin, de retour d’Ibb.

Pour autant, une importante épidémie a bien eu lieu et une nouvelle dès mars prochain, moins élevée, semble “inévitable”. Mais il est impossible de confirmer de manière adaptée la prévalence en raison de la situation dans le pays, relève M. Poncin. Moins de 0,2% des cas suspects ont été authentifiés. Et plus de 2200 personnes sont décédées.

Le taux de mortalité est passé de 1% à moins de 0,5%. Face au recul de la pathologie, MSF avait diminué récemment son dispositif sur cette maladie.

Regain probable de diphtérie

Plus de 80% de la population manque de carburant, d’accès à l’eau potable et de soins, a expliqué le CICR. Et la situation n’a pas été facilitée par le blocage récemment des accès humanitaires au Yémen par la coalition menée par l’Arabie saoudite.

Depuis ces difficultés, les prix du carburant ont augmenté de 600% à Ibb, précise M. Poncin. Et ceux de la nourriture ont également largement progressé, étant donné qu’un blocage commercial reste imposé par la coalition.

Autre épidémie en cours, 312 cas probables de diphtérie ont été totalisés depuis octobre dans 15 gouvernorats, dont 60% dans la région d’Ibb, pour 35 décès. Inquiétant, le taux de mortalité chez les moins de 5 ans atteint 25%, explique M. Poncin. Cette maladie n’avait plus ciblé le Yémen depuis 25 ans et elle devrait être facilement évitable par la vaccination.

Problème, “il y a une pénurie mondiale de médicaments pour la soigner”, ajoute M. Poncin. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pu acheminer que 1000 doses sur les quelques milliers seulement disponibles dans le monde. Un dispositif suffisant pour 200 à 500 patients.

Moins explosive que le choléra

Mais 1000 doses supplémentaires devraient arriver. Dans le nord du pays en revanche, les Houthis privilégient les traitements en réponse aux maladies plutôt que la prévention. De son côté, MSF a ouvert quatre unités, dont trois à Ibb et une à Aden.

L’épidémie n’est pas aussi “explosive” que celle du choléra, explique le responsable de l’ONG. Elle s’étend avec un contact direct avec une personne infectée et non pas à tous les utilisateurs d’un système d’eau comme la seconde.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit une campagne de vaccination importante dans les prochains mois contre le choléra. Et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) souhaite lui mener en janvier une mesure similaire contre la diphtérie. “Il sera très difficile” d’organiser les deux dans le même temps étant donnés les problèmes d’accès avec la coalition, explique encore M. Poncin.

Jeudi, l’OMS a annoncé qu’un avion avec au total 70 tonnes de médicaments et de matériel médical avait atterri à Sanaa. Des interventions pourront être menées auprès de milliers de patients.

Plus tôt cette semaine, deux autres appareils avaient livré plus de 25 tonnes de kits de santé d’urgence. Selon l’ONU, plus de 16 millions de personnes au total ont besoin d’une assistance humanitaire au Yémen, dont près de 60% très affectées. Le conflit a fait plus de 8750 victimes et des dizaines de milliers de blessés.

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