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Le pape achève sa visite en Birmanie et au Bangladesh

Le pape François a remercié la Birmanie et le Bangladesh pour l'accueil qui lui a été réservé durant sa visite de six jours. KEYSTONE/EPA ANSA/ETTORE FERRARI sda-ats

(Keystone-ATS) Le pape François s’est envolé samedi de Dacca. Il a achevé sa visite de six jours en Birmanie et au Bangladesh en visitant la maison créée par Mère Teresa pour prendre en charge des orphelins, des filles-mères et des indigents.

Cette tournée du souverain pontife, à la tête du 1,3 milliard de catholiques dans le monde, s’inscrivait dans sa démarche d’encourager les petites communautés des “périphéries de la planète”. Celles-ci ont souvent une foi plus fervente que dans la vieille Europe en pleine sécularisation.

Au cours de la dernière journée de son séjour, le souverain pontife a rendu visite aux Missionnaires de la charité – congrégation fondée par Mère Teresa – puis a rencontré dans l’après-midi des religieux et la jeunesse du Bangladesh. L’avion du chef de l’Eglise catholique a finalement décollé de la capitale du Bangladesh à 17h09 locales (12h09 en Suisse).

En Birmanie et au Bangladesh, le pape argentin venait d’abord s’adresser aux minorités catholiques locales. À chaque fois, les croyants lui ont réservé un accueil chaleureux à l’occasion de deux grandes messes en plein air à Rangoun puis à Dacca.

“L’indifférence du monde”

Pourtant ce voyage pontifical a été dominé par la crise humanitaire des musulmans rohingyas, l’une des plus graves de ce début de XXIe siècle. L’évêque de Rome s’en était ému à plusieurs reprises depuis la place Saint-Pierre.

Une marée humaine de plus de 620’000 Rohingyas de Birmanie a afflué ces trois derniers mois au Bangladesh voisin pour échapper à ce que l’ONU considère comme une épuration ethnique menée par l’armée. S’il ne s’est pas rendu dans la région des camps, dans le sud du Bangladesh, François a en revanche rencontré seize de ces réfugiés vendredi à Dacca. Un face-à-face émouvant et très attendu.

Après ces entretiens, le pape leur a publiquement demandé “pardon” pour leurs souffrances “dans l’indifférence du monde”. “C’est la première fois qu’un grand leader planétaire nous a écoutés”, s’est félicité un professeur rohingya de 29 ans.

Les paroles fortes du pape envers les réfugiés ont tranché avec la retenue diplomatique dont il avait fait preuve sur ce sujet lors de son étape birmane, de lundi à jeudi. Il avait alors évité de prononcer le mot “Rohingya”, tabou en Birmanie et risquant d’embraser une opinion publique chauffée à blanc par le nationalisme.

“Ponts” diplomatiques

Lors de ses prises de paroles à Rangoun et Naypyidaw, il s’était restreint à des allusions, appelant les bouddhistes birmans “à dépasser toutes les formes d’intolérance, de préjugé et de haine”.

Le 21e voyage du pape depuis son élection est venu rappeler rappeler que François n’a pas forcément la même liberté de parole lorsqu’il doit ménager les susceptibilités dans un pays hôte étranger. Condition pour faire entendre la voix des catholiques, mais aussi pour jouer parfois un rôle de médiateur dans des conflits.

La diplomatie du Vatican consiste à “créer des ponts”, a défendu le porte-parole du pape en Birmanie, nation qui est devenue en mai dernier la 183e à établir des relations diplomatiques avec le Saint-Siège.

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