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Le pape dénonce “l’injustice atroce” des bidonvilles africains

(Keystone-ATS) Le pape François a dénoncé vendredi au Kenya “l’injustice atroce” que représentent les grands bidonvilles, fruits de la corruption et de l’accaparement des richesses. Le souverain pontife a appelé la jeunesse à résister à la corruption et à la radicalisation.

“Comment ne pas dénoncer les injustices que vous subissez?”, a lancé le pape François à l’église de Saint-Joseph Travailleur, tenue par les jésuites. L’édifice se trouve au coeur de l’immense bidonville pollué de Kangemi à Nairobi, où s’entassent plus de 100’000 personnes et où se concentrent les dégradations environnementales et humaines qu’il a dénoncées jeudi devant l’ONU.

L’Argentin a pointé “l’atroce injustice de la marginalisation urbaine”, attribuable aux “minorités qui concentrent le pouvoir, la richesse et gaspillent de façon égoïste, tandis que des majorités toujours croissantes sont obligées de se réfugier dans des périphéries abandonnées, contaminées, marginalisées”.

Le pape a aussi dénoncé “de nouvelles formes de colonialisme” qui font des pays africains “les pièces d’un mécanisme (…) d’un engrenage gigantesque” et les forcent à “adopter des politiques de marginalisation, comme celle de la réduction de la natalité”.

De la “chair à canon”

Des politiques visant, selon l’évêque de Rome, à “légitimer le modèle de distribution actuel où une minorité se croit le droit de consommer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser”.

Le jésuite a fustigé “le manque d’accès aux infrastructures et aux services de base” des populations des bidonvilles, condamnées à “l’injuste distribution de la terre qui conduit des familles entières à payer des loyers exorbitants” et “l’accaparement de terres par des ‘promoteurs privés’ sans visage”.

“L’hostilité que subissent les quartiers populaires s’aggrave lorsque les organisations criminelles, au service d’intérêts économiques ou politiques, utilisent des enfants et des jeunes comme ‘chair à canon’ pour leurs affaires entachées de sang”, a-t-il poursuivi.

Dans un stade

Le successeur de Benoît XVI s’est ensuite adressé à des dizaines de milliers de jeunes Kényans qui lui ont réservé un accueil festif au grand stade de Kasarani. L’Argentin a attribué la radicalisation de certains jeunes à “un système international injuste, une économie qui ne met pas la personne au centre mais le Dieu argent”.

Il a ensuite quitté le Kenya et est arrivé à 17h00 (15h00 en Suisse) en Ouganda. L’ancien archevêque de Bueno Aires a été accueilli à sa descente d’avion par le président Yoweri Museveni et son épouse.

Sa journée chargée devait se terminer à Munyonyo, près de Kampala, où en 1886 le roi ougandais Mwanga avait condamné à mort de jeunes pages chrétiens qui avaient refusé d’adjurer leur foi et de devenir ses esclaves sexuels.

Les forces de sécurité ougandaises devaient être déployées en nombre sur l’itinéraire du pape, dans un pays qui, comme le Kenya, fournit un contingent militaire à la force de l’Union africaine en Somalie.

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