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Le pape François plaide pour une Europe unie depuis le Vatican

Le pape François a prononcé samedi un important discours sur l'UE lors d'une conférence de deux jours au Vatican baptisée "Repenser l'Europe". KEYSTONE/AP/ANDREW MEDICHINI sda-ats

(Keystone-ATS) Le pape François a prononcé samedi un important discours sur l’Europe. Il a appelé l’Union européenne à “retrouver le sens d’être une communauté unique” si elle veut dessiner un avenir de prospérité et d’équité pour tous et les chrétiens à redonner une âme à l’Europe.

Le souverain pontife s’exprimait à l’issue d’une conférence de deux jours au Vatican baptisée “Repenser l’Europe”. Des dizaines de représentants dont le président du Parlement européen Antonio Tajani et le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans y ont assisté.

Bien qu’il n’ait fait aucune allusion à la situation en Catalogne, le Saint-Père a plusieurs fois évoqué les notions de solidarité, d’efforts communs et de sacrifice mutuel. “Les agendas particularistes et nationalistes risquent de faire échouer les rêves courageux des fondateurs de l’Europe”, a déclaré le pape.

“Une Union européenne qui, dans les crises qu’elle affronte, échoue à retrouver un sens à être une communauté unique qui soutient et porte assistance à ses membres – et qui n’est pas une collection de petits groupes d’intérêts – ne manquerait pas seulement l’un des plus grands défis de son histoire mais aussi l’une des plus grandes opportunités pour son propre avenir”, a lancé le pontife argentin.

Dans son long discours, le pape a mis en garde contre les dangers que font courir à l’Europe les partis populistes et opposés à l’immigration. Les “groupes extrémistes et populistes trouvent un terreau fertile dans de nombreux pays. Ils font de la contestation le coeur de leur message politique sans proposer l’alternative d’un projet politique constructif”, a affirmé François.

Redonner une âme à l’Europe

Le pape a aussi évoqué la responsabilité des chrétiens au sein d’une Europe qui a, du fait “d’un certain préjugé laïciste”, relégué la religion “à une sphère purement privée et sentimentale”. Pour lui, les chrétiens “sont appelés à redonner une âme à l’Europe, à réveiller sa conscience, non pas pour occuper les espaces mais pour encourager les processus qui génèrent de nouveaux dynamismes”.

Ils doivent ainsi rappeler à l’UE “qu’elle n’est pas un ensemble de nombres ou d’institutions, mais qu’elle est faite de personnes”.

“Malheureusement, on remarque comment souvent tout débat se réduit facilement à une discussion de chiffres. Il n’y a pas les citoyens, il y a les suffrages. Il n’y a pas les migrants, il y a les quotas. Il n’y a pas les travailleurs, il y a les indicateurs économiques. Il n’y a pas les pauvres, il y a les seuils de pauvreté”, a-t-il relevé.

“Le caractère concret de la personne humaine est ainsi réduit à un principe abstrait, plus commode”, a expliqué François.

“Grand-mère”

Depuis son élection en 2013, Jorge Bergoglio, premier pape non-européen, s’est montré un partisan exigeant de l’Union européenne. Il l’avait comparée à une “grand-mère” fatiguée devant le Parlement européen en novembre 2014 à Strasbourg.

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