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Le Parlement européen valide la commission sur les pesticides

La polémique a été alimentée par des accusations d'ingérence dans le débat du géant américain de l'agrochimie Monsanto (qui utilise le glyphosate dans son produit-phare Roundup). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le Parlement européen a validé le mandat de la commission spéciale qui se penchera sur la procédure d’autorisation des pesticides dans l’UE. Cette nouvelle entité a été créée après la controverse née de la nouvelle licence accordée au glyphosate, herbicide contesté.

Cette commission parlementaire vise à prendre en compte les “préoccupations exprimées au sujet de l’évaluation du glyphosate”, en particulier sur l’indépendance du processus d’évaluation et l’application du principe de précaution, explique le Parlement dans sa décision.

La commission spéciale sera notamment chargée d’évaluer “les éventuelles lacunes de l’évaluation scientifique de l’approbation” de pesticides comme le glyphosate et si les agences de l’UE ont réellement les moyens humains et financiers d’accomplir leurs missions.

Elle doit également dire si la Commission européenne “a agi conformément aux dispositions du règlement” tout au long de la procédure.

Après deux ans de polémiques, les Etats membres ont accepté de renouveler pour cinq ans le glyphosate, lors d’un comité réunissant des experts à huis clos. L’exécutif européen, qui formule la proposition d’autorisation, avait progressivement revu à la baisse la durée envisagée de la licence, face à l’opposition de certaines capitales.

Accusations d’ingérence

Alors que la polémique a été alimentée par des accusations d’ingérence dans le débat du géant américain de l’agrochimie Monsanto (qui utilise le glyphosate dans son produit-phare Roundup), la commission parlementaire s’attachera à “analyser et évaluer les éventuels conflits d’intérêts à tous les niveaux de la procédure”.

Le texte portant création de la commission précise que certaines auditions de témoins et experts pourront se faire à huis clos, afin de respecter la confidentialité de documents, y compris des études scientifiques.

“Processus biaisé et malsain”

Au cours du long débat qui avait accompagné la procédure de réautorisation du glyphosate, des ONG et des parlementaires avaient regretté que certaines études publiées par l’industrie, et sur lesquelles l’agence européenne de la sécurité des aliments (Efsa) s’était en partie appuyée, n’aient pas été rendues publiques.

“Il y a énormément de raisons qui laissent à penser que le processus de décision qui a abouti à une autorisation comme celle du glyphosate est profondément biaisé et malsain, au profit évidemment des intérêts du commerce”, a asséné le coprésident du groupe des Verts Philippe Lamberts.

La commission sera composée de 30 membres. Elle devrait rendre son rapport vers la fin de l’année, accompagné de recommandations “sur les initiatives à prendre”.

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