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Le parti prorusse Harmonie est arrivé en tête des législatives lettones

Les Lettons se sont rendus aux urnes pour des élections législatives. KEYSTONE/EPA/TOMS KALNINS sda-ats

(Keystone-ATS) Le parti prorusse Harmonie est arrivé en tête des législatives lettonnes samedi avec 19,4% des voix. Il devance une alliance libérale pro-occidentale FOR/Développement (13,4%), selon un sondage effectué à la sortie des bureaux de vote.

L’Alliance Nationale (droite), membre de la coalition sortante, arrive troisième (12,6%) suivie par le Nouveau parti conservateur (populiste, 12,4%), tandis que le partenaire potentiel populiste de Harmonie, KPV, est en cinquième position avec 11,5%, d’après ce sondage réalisé auprès de 6400 électeurs.

Le président du parti Harmonie et maire de Riga, Nils Ushakovs, a immédiatement affiché son ambition de réussir, cette fois-ci, à faire entrer son parti au gouvernement. Lors des trois scrutins précédents, Harmonie, qui est très populaire au sein de l’importante minorité russophone, était arrivé en tête, mais n’avait pu former de gouvernement, tous les autres partis refusant de collaborer avec lui.

Parlement fragmenté

“Aucune formule de coalition qui puisse paraître stable et capable (de gouverner) n’est possible sans Harmonie”, a-t-il déclaré à l’agence LETA, commentant les perspectives découlant du résultat. “Sinon, vous pourriez avoir une coalition de xénophobes et de partisans des droits des homosexuels, et un tel gouvernement ne tiendrait que deux ou trois semaines”.

Le président des Verts et Paysans, Augusts Brigmanis, a déclaré pour sa part que “l’initiative d’engager des pourparlers en vue d’une coalition devait venir du centre droit”. Les Verts et les Paysans (centre droit) du premier ministre sortant, Maris Kucinskis, suivent avec 9,7%, tandis que Nouvelle unité (centre droit) est le septième et dernier parti à franchir le seuil des 5% et entrer au parlement, avec 6,9%.

Avec une chambre aussi fragmentée, la classe politique va entrer dans une phase de négociations pour former une coalition, phase qui risque de se prolonger jusqu’à début novembre. Le nouveau parlement ouvrira alors sa première session et le président choisira celle ou celui qui tentera de former un nouveau gouvernement.

Une décennie d’échecs

La perspective d’une coalition pro-russe et populiste fait peur à plus d’un dans ce pays balte d’1,9 million d’habitants dont l’histoire est marquée par des relations difficiles avec le grand voisin russe.

La Lettonie, comme la Lituanie et l’Estonie voisines, a obtenu l’indépendance en 1918, après la chute de l’empire des tsars. Mais les trois pays baltes ont ensuite été occupés par l’Allemagne nazie et, pendant un demi-siècle, par l’Union soviétique.

Lié dans le passé par un accord avec le parti Russie unie de Vladimir Poutine, Harmonie est arrivé premier aux législatives de 2014 mais n’a pu prendre le pouvoir, les autres partis refusant tous d’entrer en coalition avec lui. Après une décennie d’échecs, ce parti pourrait finalement former un gouvernement, en s’alliant avec les populistes du KPV LV.

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