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Le précieux xérès servi à Poutine suscite une enquête en Ukraine

(Keystone-ATS) Une enquête judiciaire a été ouverte en Ukraine après la récente dégustation d’un xérès vieux de 240 ans par Vladimir Poutine et Silvio Berlusconi lors de leur visite en Crimée. Ce nectar relève du patrimoine national, a expliqué un responsable du parquet ukrainien.

Le président russe et l’ex-Premier ministre italien s’étaient rencontrés à Yalta le 11 septembre. Ils avaient alors notamment visité dans les caves du domaine de Massandra, producteur de vin de Crimée qui était une entreprise publique ukrainienne jusqu’à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.

Selon un média russe, la directrice de Massandra, Ianina Pavlenko, nommée à ce poste par les autorités russes, a débouché pour ses invités la perle de la collection: une des cinq bouteilles du Jerez de la Frontera espagnol datant de 1775. Ce xérès serait, selon certaines estimations, le plus cher au monde.

Une sixième bouteille de ce même vin issu de la collection de Massandra avait été adjugée 31’900 livres (56’000 francs au cours de l’époque) chez Sotheby’s en 2001, selon le site de cette maison de vente aux enchères. Sa mise en vente avait alors été autorisée par un décret du président ukrainien, selon les médias.

Coûteuse bouteille

A la suite de cette publication, le parquet ukrainien a ouvert mercredi une enquête contre X pour “appropriation” de biens publics, a indiqué samedi Nazar Kholodnitsky, un responsable du parquet en charge de la Crimée. Il a signalé que cette bouteille pourrait valoir “plus de 100’000 dollars” (96’000 francs).

Mme Pavlenko n’a pas encore été inculpée officiellement. Elle risque ainsi jusqu’à 12 ans de prison, selon le Code pénal ukrainien.

Créer une base légale

“Ce vin relève du patrimoine national, il n’appartient pas seulement à la Crimée ou à Massandra, mais à tout le peuple ukrainien (…) Le vin a survécu à deux guerres mondiales et même les nazis ne l’avaient pas débouché”, s’est emporté M. Kholodnitsky.

Les autorités ukrainiennes ne sont pas actuellement en mesure de procéder à une enquête sur le terrain, mais sont en train de créer une base légale pour la mener jusqu’au bout dans le futur, a-t-il assuré. “Quand l’annexion finira et nous serons de retour sur la péninsule (…) les criminels seront punis”, a déclaré le responsable. Cette enquête “attendra son heure”, a-t-il dit.

Référendum dénoncé

La Crimée avait été transférée à l’Ukraine par le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev en 1954, quand Kiev et Moscou faisaient partie de l’URSS. Cette péninsule a été annexée par la Russie en mars 2014 après son occupation par les forces spéciales russes et un référendum de rattachement dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux.

L’annexion a valu à la Russie une série de sanctions de l’Union européenne (UE) et des Etats-Unis. L’UE a notamment interdit les activités touristiques en Crimée.

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