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Le président du Conseil des EPF inquiet du budget alloué par Berne

"Nous marchons sur des oeufs", explique le président du Conseil des EPF Fritz Schiesser dans un entretien au sujet des mesures d'économie imposées par Berne aux hautes écoles (archives). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) Le plan d’économie de Berne prévu pour les EPF remet en jeu “les fruits des efforts de plusieurs dizaines d’années”. Selon le président du Conseil des EPF, Fritz Schiesser, la Berne fédérale ne se rend souvent pas compte, de ce que les hautes écoles accomplissent.

“La politique doit avoir conscience de ce que la formation, la recherche et l’innovation restituent à une société”, affirme samedi Fritz Schiesser dans un entretien avec la Neue Zürcher Zeitung. Le succès des EPF est certes devenu naturel, mais leurs positions en tête de peloton des classements des hautes écoles sont le résultat d’un travail de longue haleine.

La concurrence ne dort pas. “Nous marchons sur des oeufs: si nous ratons le train une fois, il faudra alors d’immenses investissements afin de renouer avec les leaders”, explique en substance l’ancien conseiller aux Etats PLR glaronais.

Le Conseil national a approuvé en juin une augmentation du budget dévolu à la formation, la recherche et l’innovation mais a rejeté des appels à une plus grande générosité lancés par la commission de l’éducation. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer. Fritz Schiesser conçoit que les EPF doivent participer au programme d’économie, “je ne comprends toutefois pas pourquoi le secteur de la formation doit y contribuer de manière disproportionnée”.

Réduire la voilure

Avec les quelque 2,5 milliards de francs accordés par année, les Ecoles polytechniques fédérales (EPF) peuvent “couvrir les besoins de base”, précise Fritz Schiesser. “Nous devons réduire la voilure de nouveaux thèmes fondamentaux comme la problématique de l’amoncellement des données ‘Big Data’, les procédures de production avancées, la médecine personnalisée ou encore les projets d’infrastructure”.

Le président du Conseil des EPF renforce aussi des déclarations précédentes selon lesquelles les taxes semestrielles des étudiants pourraient être doublées. Les fonds de tiers alloués par des privés ne pourraient par ailleurs pas remplacer les ressources étatiques, pour des raisons légales.

L’enveloppe gouvernementale représente une augmentation moyenne de 2% par an. Quatre priorités ont été retenues: soutien à la formation professionnelle supérieure, encouragement de la relève scientifique, formation de médecins et soutien à la recherche et l’innovation.

Selon la commission de l’éducation, les moyens ne suffiront pas pour réaliser les objectifs ambitieux du gouvernement. Il faudrait ajouter près d’un milliard pour revenir à la croissance de 3,2% proposée initialement par le Conseil fédéral.

“Britzerland”, irréaliste

La menace d’exclusion du programme de recherche européen Horizon 2020 donne aussi des maux de tête à Fritz Schiesser, mais pas principalement pour des raisons financières. “C’est une question de réputation et d’avoir la possibilité de nous mêler aux meilleurs et de coopérer avec eux”. Sans compter que “les têtes les plus intelligentes vont justement se demander, si la Suisse pourvoit encore des conditions de travail optimales”.

Le Glaronais qualifie par ailleurs “de vue très simple des choses”, l’idée que les universités suisses puissent coopérer étroitement avec les hautes écoles britanniques après le Brexit en cas d’exclusion du programme européen: “Croire qu’un nouvel espace de recherche pourrait se former et qu’il concurrencerait avec celui de l’Union européenne est irréaliste”.

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