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Le président du Parlement brièvement détenu

Juan Guadio (c), le président du Parlement vénézuélien, la seule institution contrôlée par l'opposition, a été arrêté dimanche pendant près d'une heure par les services de renseignement. KEYSTONE/EPA EFE/CRISTIAN HERNANDEZ sda-ats

(Keystone-ATS) Juan Guadio, le président du Parlement vénézuélien, la seule institution contrôlée par l’opposition, a été arrêté dimanche pendant près d’une heure par les services de renseignement. Le gouvernement s’est défendu de toute responsabilité dans cette arrestation.

Juan Guaido, 35 ans, a été arrêté par des hommes du Service bolivarien de renseignement national (Sebin), alors qu’il circulait sur l’autoroute pour se rendre à une réunion publique à Caraballeda, à 40 km de la capitale.

“Nous avons été interceptés par deux fourgons du Sebin, avec des hommes armés et encagoulés qui ont ouvert notre véhicule, nous ont obligés à descendre”, a précisé Fabiana Rosales, l’épouse de M. Guaido. “Ils ne l’ont pas frappé, mais ils nous ont dit qu’ils devaient procéder à son arrestation immédiatement”.

Il a été libéré près d’une heure après. “Mes frères, je suis là !”, a lancé Juan Guaido à son arrivée à Carabella, où l’attendaient des centaines de ses partisans. “Le jeu a changé, le peuple est dans la rue (…) S’ils voulaient envoyer un message pour que nous nous cachions, voici la réponse du peuple, nous sommes là”.

“Ils ont essayé de me menotter, je ne l’ai pas permis parce que je suis le président légitime de l’Assemblée nationale”, a poursuivi le député. Le gouvernement vénézuélien s’est défendu de toute responsabilité dans cette arrestation, l’imputant à une décision “unilatérale” de fonctionnaires des services de renseignement.

Problème très grave

“Nous avons appris qu’un événement illégal s’est produit, au cours duquel un groupe de fonctionnaires agissant unilatéralement a mené une procédure irrégulière contre le député Juan Guaidó”, a déclaré le ministre de la Communication, Jorge Rodríguez, dans une déclaration diffusée à la télévision gouvernementale. “Ces fonctionnaires qui se sont prêtés à cette mise en scène contre le déroulement normal de vie de la République sont en train d’être démis et soumis à une procédure disciplinaire la plus stricte afin d’établir s’ils se sont bien prêtés à ce type d’événement”.

“Si Jorge Rodriguez dit qu’il s’agit d’une opération spontanée, cela veut dire que (le président Nicolas) Maduro ne contrôle plus l’armée, qu’un maillon s’est rompu dans la chaîne de commandement”, a réagi M. Guaido. “Qui dirige aujourd’hui le régime ? Si le gouvernement reconnaît qu’il ne contrôle pas les organismes de sécurité de l’Etat, il a un problème très grave”, a-t-il ajouté devant ses partisans.

Appel à mobiliser

Vendredi, au lendemain de l’investiture de Nicolas Maduro pour un deuxième mandat contesté de six ans, Juan Guaido, avait rappelé devant un millier de personnes à Caracas que la Constitution vénézuélienne lui donnait la légitimité pour assumer le pouvoir dans le cadre d’un gouvernement de transition. Il avait alors appelé à se mobiliser le 23 janvier en faveur d’un tel gouvernement.

Nicolas Maduro a été réélu le 20 mai à l’issue d’une présidentielle contestée. Les principaux partis d’opposition avaient boycotté ce scrutin marqué par une forte abstention.

Le 6 janvier, le Parlement avait déclaré illégitime ce nouveau mandat et promis d’encourager un “gouvernement de transition” et des “élections libres”.

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