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Le procès des “7 de Briançon” mobilise des centaines de militants

Les sept prévenus sont accusés d'avoir facilité le passage de la frontière franco-italienne à une vingtaine de migrants le 22 avril dernier (image d'illustration). KEYSTONE/EPA/GUILLAUME HORCAJUELO sda-ats

(Keystone-ATS) Le procès de sept militants, dont deux Suisses, suspectés d’avoir permis l’entrée de migrants fin avril près de Briançon a débuté jeudi matin à Gap, dans le sud-est de la France. Plusieurs centaines de partisans des accusés se sont massés devant le tribunal.

Peu avant 08h30, les prévenus désormais surnommés les “sept de Briançon” sont arrivés sous les applaudissements au palais de justice de Gap, protégé par un important dispositif policier composé de deux compagnies de CRS.

A quelques mètres du cordon du sécurité, les militants ont déposé des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: “la Solidarité est une zone à défendre”, “Je suis, tu es, nous sommes tous migrants” ou encore “SOS Solidaire”. Quelques étals étaient également installés, permettant aux manifestants de se restaurer ou d’échanger. Ces derniers devaient être rejoints en fin de matinée par des camarades venus de Marseille à bord de trois bus.

Dix ans de prison

Ils veulent afficher leur soutien à une Italienne, un Suisse, un Belgo-Suisse et quatre Français, âgés entre 22 et 52 ans, poursuivis pour “aide directe ou indirecte en bande organisée à l’entrée irrégulière d’étrangers sur le territoire national”.

La justice leur reproche d’avoir facilité le passage de la frontière franco-italienne à une vingtaine de migrants le 22 avril, au cours d’une manifestation au col de Montgenèvre à laquelle participaient une centaine d’autres personnes. Ils encourent des peines de dix ans de prison et de 750’000 euros d’amende.

Nullité réclamée

Les débats ont débuté par la procédure engagée à l’encontre des trois étrangers dont le procès, ouvert fin mai, avait rapidement été renvoyé après des débats intenses sur la question de l’aide aux migrants. La justice avait notamment souhaité temporiser dans l’attente d’un avis du Conseil constitutionnel, saisi à la mi-mai sur la question du “délit de solidarité”.

En juillet, les sages avaient souligné qu’au nom du “principe de fraternité”, une aide désintéressée au “séjour” irrégulier ne saurait être passible de poursuites. L’aide à “l’entrée” reste en revanche illégale.

Les avocats des trois prévenus étrangers ont réclamé la nullité de la procédure en flagrance, arguant qu'”aucun élément objectif” ne pouvait être extrait de la manifestation du 22 avril pour justifier son ouverture.

La présidente du tribunal a ensuite fait projeter dans la salle des images de la manifestation du 22 avril, filmées par des agents des forces de l’ordre, des manifestants, mais aussi par des militants d’extrême-droite.

Le procès, qui survient dans un contexte de vifs débats autour de la pression migratoire en Europe, a déjà mobilisé jusqu’en Grèce, où des anarchistes ont cette semaine signé sur les murs extérieurs de l’Institut français d’Athènes des slogans réclamant “la liberté” pour les sept prévenus.

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