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Le procureur requiert l’acquittement de la gendarme vaudoise

(Keystone-ATS) Le Ministère public fribourgeois a requis vendredi l’acquittement de la gendarme qui avait roulé sur un homme alcoolisé couché sur l’autoroute. La Vaudoise de 28 ans était en mission urgente nocturne lors de l’accident mortel survenu en 2014.

Le Tribunal pénal de la Broye prononcera son verdict vendredi prochain à Estavayer-le-Lac (FR). L’avocat de la défense plaide aussi l’acquittement. L’avocate de la partie plaignante demande une condamnation pour homicide par négligence, sans préciser de peine.

Ses clients – les parents de la victime âgée de 22 ans – ont fait part de leur douleur et déploré que la gendarme ne leur ait jamais exprimé ses condoléances. Ils souhaitent que celle-ci soit jugée comme toute autre personne qui ne ferait pas partie de la police.

Or les policiers sont amenés à prendre des risques si l’urgence de leur mission l’exige, a rappelé le procureur. Selon lui, la vitesse du véhicule – 160 km/h, puis 120 km/h lors du choc – était appropriée dans le but de secourir une victime d’agression.

Improbable et absurde

La conductrice n’a pas pu arrêter sa voiture sur sa distance de visibilité, mais “comment aurait-il pu en être autrement ?”, a dit le procureur. Une telle tragédie a “une probabilité de survenance quasi nulle”.

Pour la défense, c’est “une soirée entre copains qui finit en drame absurde et horrible” après que la police est allée au secours de l’un d’eux. Peu avant 02h00 le 28 août, un individu signale avoir été agressé avec un “taser” à Payerne. C’est un ami de l’homme qui décédera peu après dans l’accident: ils ont passé la soirée ensemble.

La gendarme et son collègue de patrouille se rendent sur les lieux depuis Yverdon (VD). A la sortie Payerne près de Bussy (FR), ils crient de surprise en apercevant, à une trentaine de mètres, une masse étendue entre la voie de droite et la voie de sortie. Malgré un freinage d’urgence et un coup de volant, la roue arrière gauche percute le jeune homme, qui meurt sur place.

Urgence remise en question

Les policiers avaient enclenché les feux bleus et la sirène. Mais pour faire fonctionner celle-ci, l’agent assis sur le siège passager devait tordre le câble d’alimentation en raison d’un mauvais contact. De fait, la sirène ne fonctionnait pas lors du choc, a relevé l’avocate des plaignants. Et on doit s’attendre à trouver des obstacles, même incongrus, sur l’autoroute.

L’avocate a mis en doute l’urgence de la mission. L’auteur de l’alerte n’était plus en danger puisque ses agresseurs s’étaient enfuis. Les soins étaient du ressort de l’ambulance et le seul objectif des policiers était de mener l’enquête, a-t-elle poursuivi. Au final, il s’est avéré que l’homme agressé n’était pas dans un état grave mais avait “un petit peu mal au bras”.

“Notre devoir principal était de lui porter secours” car une décharge de “taser” peut entraîner la mort, a souligné le partenaire de patrouille de la prévenue. Sa collègue au volant était en pleine possession de ses moyens et a réagi rapidement, a-t-il ajouté.

Assis, puis couché

Peu auparavant, l’individu était encore assis. Une autre automobiliste est passée sans le toucher mais cela s’est joué à dix centimètres près, a souligné la défense.

Pourquoi s’est-il couché là? L’enquête a prouvé qu’il y est allé par ses propres moyens. Une hypothèse – qui ne pourra jamais être certifiée – est qu’il a voulu rentrer à pied jusqu’à son domicile d’Estavayer comme cela lui arrivait parfois, a dit le procureur.

Durant un peu plus de trois ans de travail dans la police, la gendarme n’a jamais fait l’objet d’une procédure administrative pour un comportement inadapté. Elle vit désormais difficilement les courses urgentes nocturnes et elle est suivie par un psychologue.

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