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Le procureur requiert la perpétuité pour le meurtrier de Semhar

Le meurtre de Semhar avait traumatisé les habitants du quartier de la Tambourine, à Carouge, où habitait la jeune adolescente. Des centaines de personnes avaient assisté à ses obsèques (archives). KEYSTONE/MAGALI GIRARDIN sda-ats

(Keystone-ATS) Le procureur Joël Schwarzentrub a requis mardi une peine de prison à vie et une mesure d’internement à l’encontre du meurtrier présumé de la petite Semhar. La jeune adolescente de douze ans avait été abusée sexuellement et tuée en août 2012, à Carouge (GE).

Assassiner une enfant que l’on connaît, chez elle, en l’étranglant durant plusieurs minutes, témoigne “du mépris le plus complet pour la vie”, a souligné le procureur devant le Tribunal criminel de Genève. Le prévenu nie les faits dont il est accusé, mais un “faisceau d’indices implacable” prouve sa culpabilité.

Le représentant du Ministère public a notamment insisté sur les traces ADN du prévenu retrouvées sur la jeune fille. Elles ont été révélées sur les poignets de la victime, sur son cou, sous ses ongles et à l’intérieur de son slip. De l’ADN de l’accusé a aussi été prélevé sous le lit où avait été dissimulé le corps de Semhar.

Un menteur

M.Schwarzentrub a aussi rappelé les mensonges constants de l’accusé. Il a donné quatre versions pour expliquer un trou d’une demi-heure dans son emploi du temps. Un trou durant lequel il a parfaitement pu tuer l’adolescente. La dernière de ces versions est qu’il attendait Semhar au pied son immeuble pour lui donner un cours de conduite.

Le procureur a aussi relevé le comportement étrange du prévenu une fois la disparition de la jeune fille constatée. L’accusé connaissait pourtant bien Semhar. Il entretenait en effet une relation secrète depuis plusieurs mois avec la mère de la jeune fille et dormait deux à trois fois par semaine chez elle.

Alors que la maman panique dès qu’elle prend conscience que sa fille a disparu, le prévenu, lui, reste calme et ne semble pas du tout se préoccuper du sort de l’adolescente. Pour Robert Assaël, l’avocat de la maman de Semhar, cette attitude s’explique par le fait que l’accusé savait qu’il avait caché le corps sous le lit.

Un homme froid

Tout au long de son procès, qui a débuté il y a une semaine, le prévenu n’a manifesté aucune émotion. Il n’a exprimé ni remords ni regrets, a constaté le procureur Schwarzentrub. “Un coeur de pierre, un iceberg”, a de son côté déclaré Me Assaël. “Il ne pleure que sur lui-même et ne se remet jamais en question”.

La responsabilité de ce chauffeur de taxi de 42 ans, d’origine éthiopienne, est pleine et entière, a poursuivi le procureur. L’accusé, selon les expertises, a les caractéristiques propres du sadique sexuel et du psychopathe. Il a tué Semhar après avoir abusé d’elle, car il ne voulait pas qu’elle le dénonce.

Un compagnon violent

Le prévenu est aussi poursuivi pour avoir violenté, violé et séquestré trois femmes avec qui il avait vécu avant de fréquenter la maman de Semhar. Selon le procureur, ces femmes, des réfugiées au statut précaire, qui ne se connaissent pas, ont toutes raconté la même histoire, le même calvaire aux enquêteurs.

M. Schwarzentrub a estimé que le risque de récidive du prévenu était élevé, notamment concernant les violences sexuelles vis-à-vis de ses compagnes. Pour Robert Assaël, l’accusé a assassiné une jeune fille rieuse, joyeuse, bruyante, bavarde, qui croquait la vie. Sa maman ne s’est jamais remise du drame. Aujourd’hui, elle survit.

Le procès se poursuit mercredi avec les plaidoiries des avocats de la défense qui vont tenter de convaincre le tribunal que leur client est innocent et obtenir son acquittement.

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