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Le régime syrien arrivé à Genève rend les opposants impatients

L'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura est content de voir arriver après un jour de décalage le chef de la délégation du gouvernement syrien Bachar al-Jaafari à Genève. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Le gouvernement syrien a débuté à son tour à Genève son dialogue avec l’émissaire de l’ONU dans la huitième série de pourparlers. Après cette arrivée retardée d’un jour, l’opposition demande à la Russie de faire pression sur lui pour aboutir à un accord dans six mois.

La délégation du gouvernement, en position favorable après les gains territoriaux de l’armée, avait décalé sa venue pour protester contre le maintien de la revendication de l’opposition d’une Syrie sans le président Bachar al-Assad. Elle aurait été convaincue par son allié russe de participer malgré tout aux pourparlers.

Après une première discussion mercredi avec M. de Mistura à son hôtel, le chef de la délégation Bachar al-Jaafari s’est rendu à la mission russe à Genève. Il a ensuite entamé officiellement en début de soirée son dialogue avec l’émissaire de l’ONU. Interrogé par l’ats peu avant cette rencontre, il n’a pas souhaité faire de commentaire. Ni à sa sortie au terme d’une heure et demie de discussions.

De son côté, le chef des opposants Nasser al-Hariri a dit dans une interview à Reuters qu’il souhaitait de la Russie des pressions pour convaincre le gouvernement d’aboutir à un accord “dans six mois”. Il a poursuivi ses réunions avec les émissaires des alliés de sa Commission syrienne pour les négociations (CSN).

“D’égal à égal”

Lors de rencontres avec les représentants allemand, britannique ou néerlandais, il a notamment réitéré sa volonté d’entamer des pourparlers directs avec le régime. “Aussi vite que possible”, a-t-il dit dans la soirée devant la presse en arrivant à une nouvelle réunion avec M. de Mistura.

Un tel dialogue permettrait à l’opposition de retrouver une “légitimité” dans le processus politique, “d’égal à égal”, a dit à l’ats une source proche des négociations. M. al-Hariri avait dit dès lundi que les 50 délégués des opposants, unifiés pour la première fois, venaient à Genève pour obtenir le retrait du président Bachar al-Assad. Cette requête est toutefois contestée au sein même des opposants par le groupe minoritaire dit de Moscou considéré comme proche de la Russie.

Principale pierre d’achoppement, le gouvernement de transition ne sera pas discuté en priorité dans cette série, ni la lutte contre le terrorisme après l’éradication en Syrie de l’Etat islamique (EI), selon le bureau de M. de Mistura. Les pourparlers doivent mettre l’accent sur une nouvelle Constitution et des élections contrôlées par l’ONU.

Plutôt constructif

Seule avancée pour le moment, la réunion des membres du Conseil de sécurité de mardi à Genève a été “constructive”, y compris dans l’attitude des Russes, selon la source proche des négociations. Moscou, qui a renforcé son poids sur le processus politique et veut organiser une réunion parallèle avec toutes les parties, semble avoir compris que seul “Genève est le seul cadre légitime”, selon elle.

Mardi, un cessez-le-feu avait été accepté par le gouvernement dans la région de la Ghouta orientale après d’importants bombardements récemment. Dans cette zone assiégée, les enfants sont victimes de la pire crise de malnutrition en près de sept ans de conflit, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Le taux atteint près de 12% chez les moins de 5 ans.

Par ailleurs, l’ambassadeur russe à l’ONU à New York Vassili Nebenzia a accusé la coalition menée par les Etats-Unis de tenter de diviser le pays en établissant des gouvernements locaux dans les zones reprises à l’EI. En Syrie, les violences ont fait au total plus de 340’000 victimes.

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