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Le régulateur britannique veut infliger une amende à Facebook

Facebook est empêtré depuis plusieurs mois dans le scandale Cambridge Analytica, une société accusée d'avoir exploité les données de millions d'utilisateurs sans leur consentement (archives). KEYSTONE/AP/GEERT VANDEN WIJNGAERT sda-ats

(Keystone-ATS) Le régulateur britannique de la protection des données (ICO) a annoncé mercredi son intention d’infliger une amende de 500’000 livres (657’835 francs) à Facebook à la suite de l’affaire Cambridge Analytica.

L’ICO avait ouvert une enquête dans la foulée de cette affaire qui concerne quelque 87 millions d’utilisateurs du géant américain des réseaux sociaux, afin de faire la lumière sur d’éventuelles interférences avec le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE de juin 2016.

Facebook est empêtré depuis plusieurs mois dans le scandale Cambridge Analytica (CA). Cette société britannique est accusée d’avoir collecté et exploité sans leur consentement les données personnelles d’utilisateurs à des fins politiques, notamment pour faire gagner le Brexit au Royaume-Uni et Donald Trump à la présidentielle américaine en 2016.

Le groupe a lui-même reconnu avoir su dès 2015 que des données personnelles étaient arrivées jusqu’à CA.

Dans un communiqué publié mercredi, l’ICO indique que son enquête “a conclu que Facebook avait enfreint la loi en omettant de protéger les données personnelles. Elle a également constaté que l’entreprise n’a pas fait preuve de transparence quant à la façon dont les données des personnes ont été recueillies par d’autres”.

Amende maximale

Le régulateur annonce en conséquence “son intention d’infliger une amende” de 500’000 livres à Facebook, le maximum possible, pour violation de la loi britannique sur la protection des données. L’ICO précise que le groupe américain dispose de la possibilité de répondre à cette mise en demeure avant qu’une décision finale ne soit prise.

Au-delà de cette amende, “mon véritable objectif est d’apporter des changements et de rétablir la confiance dans notre système démocratique”, a déclaré Elizabeth Denham, à la tête de l’ICO.

“Les nouvelles technologies qui utilisent l’analyse des données pour microcibler les gens donnent aux campagnes (politiques) la possibilité d’entrer en contact avec les électeurs. Mais cela ne peut se faire au détriment de la transparence, de l’équité et du respect de la loi”, a-t-elle souligné.

Pour la Commissaire européenne Vera Jourova, chargée de la Justice et des consommateurs, le rapport de l’ICO “montre l’ampleur du problème et que nous faisons ce qu’il faut avec nos nouvelles règles de protection des données”.

“Personne ne devrait gagner des élections en utilisant des données obtenues illégalement”, a-t-elle ajouté. “Nous allons maintenant évaluer ce que nous pouvons faire au niveau de l’Union européenne pour rendre les publicités politiques plus transparentes e nos élections plus sûres”.

Facebook assure sa collaboration

Erin Egan, chargée des questions de vie privée chez Facebook, a indiqué que le groupe “examinait” les conclusions de l’ICO et qu’il y répondrait “bientôt”.

“Nous avons travaillé en étroite collaboration avec l’ICO dans son enquête sur Cambridge Analytica, tout comme nous l’avons fait avec les autorités des Etats-Unis et d’autres pays”, a-t-elle déclaré, citée par l’agence britannique Press Association.

“Nous aurions dû faire davantage (…) et prendre des mesures en 2015”, a-t-elle dit.

En Australie, le bailleur de fonds Bentham IMF, qui finance les litiges, s’est allié à un grand cabinet d’avocats et a déposé un recours auprès du Commissariat australien à l’Information (OAIO). Ce dernier avait ouvert une enquête en avril et, en fonction du résultat de cette enquête, un recours collectif pourrait suivre.

A la suite des révélations sur l’affaire Cambridge Analytica, le patron de Facebook Mark Zuckerberg avait dû longuement s’expliquer devant des parlementaires américains puis européens très remontés contre le réseau social, accusé de laxisme et d’opacité dans sa gestion des montagnes de données personnelles qu’il détient et qui alimentent son modèle économique.

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