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Le remboursement du DPI pourrait être mis à l’agenda

Que l'analyse soit effectuée durant la grossesse ou dans l'éprouvette, elle vise le même but, souligne Margrit Kessler, présidente de l'Organisation suisse des patients (image symbolique). Keystone/AP/JOHN RAOUX sda-ats

(Keystone-ATS) Entre 500 et 1000 couples auront recours chaque année au diagnostic préimplantatoire (DPI), accepté dimanche en votation. Si le remboursement du DPI par l’assurance maladie de base n’est pas prévu, il est justifié, selon les représentants des patients.

L’Organisation suisse des patients doit encore aborder le sujet, mais sa présidente Margrit Kessler considère que les tests effectués durant la phase prénatale – comme le diagnostic visant à analyser le risque de trisomie – devraient aussi être remboursés lors d’un diagnostic préimplantatoire.

En effet, que l’analyse soit effectuée durant la grossesse ou dans l’éprouvette, elle vise le même but, souligne Margrit Kessler. La fécondation in vitro ne doit cependant pas être portée à la charge des assureurs. “Il n’y a pas de droit à avoir un enfant”, a dit l’ex-conseillère nationale (PVL/SG) à l’ats.

Rebecca Ruiz, présidente du Service aux patients de Suisse occidentale, abonde dans ce sens. A titre personnel, elle se dit favorable au remboursement, en cas de maladie grave comme de stérilité. D’après la conseillère nationale (PS/VD), il serait désormais “cohérent” de rembourser lors de la phase préimplantatoire les tests qui sont proposés gratuitement pendant la grossesse.

Assureurs sceptiques

Reste que la loi ne prévoit pas cette possibilité. “Et il ne serait pas honnête de demander le remboursement”, estime Bruno Imthurn, directeur de la clinique de médecine reproductive à l’Hôpital universitaire de Zurich.

“Car il a été maintes fois répété pendant la campagne de votations que les frais relatifs à la fécondation et au DPI seraient pris en charge par les couples”, rappelle-t-il. Il faudrait cependant réfléchir à un remboursement partiel pour les couples disposant de moyens limités, selon lui.

Directeur de Curafutura, Pius Zängerle se montre “sceptique” quant à un éventuel remboursement, avant tout car il ne s’agit pas d’une maladie. Les membres de l’association d’assureurs maladie n’ont pas été consultés à ce sujet, mais selon le directeur, il revient à l’Office fédéral de la santé publique de se prononcer. Que la communauté prenne en charge ces démarches ou non, par solidarité, reste toutefois une question ouverte, d’après M. Zängerle.

A Santésuisse, on considère que les progrès de la médecine doivent profiter à tous les assurés. Toutefois “les assureurs n’ont pas la compétence légale pour décider quelles prestations doivent être payées par les caisses maladies”, écrit à l’ats le porte-parole Christophe Kaempf. Comme Curafutura, la faîtière des assureurs maladie s’en remet au Département fédéral de l’intérieur.

Baisse des coûts

Les coûts totaux devraient osciller entre 10’000 et 15’000 francs: de 4000 à 8000 francs pour une fécondation in vitro, plus 4000 à 5000 francs pour un diagnostic préimplantatoire. Bruno Imthurn espère néanmoins que ces coûts baisseront prochainement, grâce à des nouvelles méthodes d’analyse.

Le président de la Société suisse de médecine de la reproduction Felix Häberlin est quant à lui convaincu que la technique deviendra dans quelques années moins chère, qu’elle sera simplifiée et améliorée. D’après MM. Imthurn et Häberlin, il ne sera pas avantageux de se rendre à l’étranger pour effectuer un diagnostic préimplantatoire.

Un couple sur six stérile

Selon le site internet ch.ch, lors d’une grossesse, l’assurance paye les examens préventifs, notamment les échographies, le test du premier trimestre et celui de diagnostic prénatal non invasif visant à analyser le risque de trisomie. En cas de risque élevé, l’analyse du liquide amniotique et la biopsie placentaire sont aussi remboursées.

Le temps de rédiger l’ordonnance sur la procréation médicalement assistée, la loi révisée n’entrera vraisemblablement pas en vigueur avant une année. Un remboursement du DPI par l’assurance de base dépendra alors des exigences politiques qui pourraient voir le jour.

Selon la Société suisse de gynécologie et d’obstétrique, un couple sur six souffre d’infertilité en Suisse, et cette proportion ne cesse d’augmenter. En 2014, 1955 enfants sont nés grâce à la procréation médicalement assistée, soit environ 2% du total des naissances.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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