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Le roi de Jordanie reçu par Mahmoud Abbas à Ramallah

Durant la rencontre entre le président Mahmoud Abbas, à droite, et le roi de Jordanie Abdallah II, lundi à Ramallah, KEYSTONE/EPA AP POOL/NASSER NASSER / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Le roi Abdallah II de Jordanie a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas, lundi à Ramallah. Le souverain a livré un message de soutien aux Palestiniens et appelé Washington à intensifier ses efforts dans le processus de paix en panne depuis des années.

Dans un contexte de tensions ravivées avec Israël et d’inquiétude devant l’inaction américaine pour la paix, le roi de Jordanie s’est rendu en Cisjordanie occupée, une première depuis 2012. Habituellement, il reçoit le président palestinien à Amman, à 70 kilomètres de Ramallah.

Les deux dirigeants se sont entretenus durant près de deux heures. Abdallah II a exprimé “le soutien total de la Jordanie aux droits légitimes” des Palestiniens et à la création d’un Etat indépendant avec pour capitale Jérusalem-Est.

Moins de deux semaines après un accès de violences autour de l’esplanade des Mosquées, le roi a exprimé “l’engagement jordanien à continuer à protéger les lieux saints (de Jérusalem) en coopération avec la communauté internationale”, a rapporté un communiqué du palais royal. Sans citer Israël, le souverain hachémite a mis en garde contre “les conséquences négatives dans toute la région” qu’aurait une remise en cause du “statu quo” existant.

Il a aussi appelé directement le président américain Donald Trump à “oeuvrer à la paix entre Palestiniens et Israéliens”. Il a souligné combien il est important d’intensifier les efforts pour tracer “de véritables perspectives politiques de progrès”.

Solution “à deux Etats”

L’effort de paix est paralysé depuis l’échec d’une initiative américaine en 2014. Les perspectives de création d’un Etat palestinien coexistant avec Israël, principe de référence de la communauté internationale, paraissent s’éloigner de jour en jour.

Le roi a rappelé que la solution dite à deux Etats devait servir de fondement à une reprise des négociations. En février, M. Trump a estimé toutefois que cette solution n’est pas la seule possible.

L’avènement de Donald Trump avait donné à certains Palestiniens le bref espoir qu’une approche non-conventionnelle les sortirait de l’impasse. Après avoir ménagé l’administration américaine, les responsables palestiniens se lâchent désormais.

Pour eux, Jared Kushner, conseiller de M. Trump chargé du dossier, s’est “disqualifié” en déclarant, selon un enregistrement publié la semaine passée par la presse américaine, qu’il n’y avait “peut-être pas de solution” au conflit.

Esplanade des Mosquées

La Jordanie est un acteur incontournable du conflit israélo-palestinien: soutien des Palestiniens, seul pays arabe avec l’Egypte à avoir fait la paix avec Israël. Le royaume hachémite est aussi le gardien historique de l’esplanade des Mosquées et un interlocuteur respecté des administrations américaines.

Amman s’est à nouveau retrouvé aux avant-postes diplomatiques en juillet quand des affrontements quasiment quotidiens ont opposé fidèles musulmans palestiniens et forces israéliennes autour de l’esplanade des Mosquées.

Les violences se sont dissipées à Jérusalem quand le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a battu en retraite et renoncé à installer de nouveaux dispositifs de sécurité autour de l’esplanade. Ces mesures avaient été perçues par les Palestiniens comme un empiétement israélien supplémentaire sur le troisième lieu saint de l’islam.

Ressentiment jordanien

L’esplanade se situe à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël. Si la Jordanie, maîtresse des lieux jusqu’en 1967, en conserve la garde en vertu de l’accord de paix de 1994 avec Israël, ce dernier en contrôle tous les accès.

La présence d’Abdallah à Ramallah aux côtés des Palestiniens qui revendiquent d’avoir victorieusement défendu l’esplanade permettait ainsi de rappeler le rôle de la Jordanie. Environ la moitié de la population jordanienne (9,5 millions de personnes) est d’origine palestinienne.

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