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Le Royaume-Uni sera prêt pour un Brexit sans accord, assure Johnson

"Nous essayons d'obtenir un accord" de retrait avec l'UE, "mais si nous devons sortir le 31 octobre sans accord, nous serons prêts", répète Boris Johnson. KEYSTONE/AP AFP POOL/DANIEL LEAL-OLIVAS sda-ats

(Keystone-ATS) Boris Johnson a promis jeudi que le Royaume-Uni serait “prêt” en cas de Brexit sans accord. Cela malgré la publication d’un dossier gouvernemental selon lequel un “no deal” pourrait provoquer des troubles et des pénuries de médicaments et nourriture.

“C’est le pire scénario auquel doivent se préparer les fonctionnaires, mais j’ai massivement accéléré nos préparatifs depuis que je suis Premier ministre”, a affirmé le dirigeant conservateur.

“Nous essayons d’obtenir un accord” de retrait avec l’UE, “mais si nous devons sortir le 31 octobre sans accord, nous serons prêts: les ports, les fermiers et toutes les industries seront prêts”, a-t-il insisté.

France et Irlande inquiètes

Toutefois, le ministre français des Comptes publics, Gérald Darmanin, s’est dit “un peu inquiet de la façon dont les Britanniques se préparaient” à un “no deal”, au contraire de la France qui sera prête selon lui.

L’Irlande prépare de son côté un budget 2020 fondé sur l’hypothèse d’un “no deal”, a indiqué mercredi son ministre des Finances, Paschal Donohoe. Il a souligné “l’incertitude et le manque de clarté sur le calendrier et la forme” du Brexit.

“Opération Bruant Jaune”

Selon un porte-parole britannique, “le Royaume-Uni a présenté des idées dans les domaines des frontières et des biens manufacturés” lors de discussions à Bruxelles mercredi. Elles se poursuivront vendredi.

Comme il y était contraint par un vote du Parlement, le gouvernement a publié mercredi un dossier officiel présentant, selon Downing Street, “le pire scénario” de l’impact économique et social d’un “no deal”.

Ce scénario est envisagé par Boris Johnson, qui s’est engagé à sortir son pays “coûte que coûte” de l’UE le 31 octobre, même si le Parlement a voté avant sa suspension pour cinq semaines mardi une loi l’obligeant à demander à l’UE un report de trois mois.

Le document, intitulé “Operation Yellowhammer” (“Opération Bruant Jaune”, le nom d’un passereau), prévoit notamment “des protestations et contre-protestations”, “un risque de troubles publics et de tensions communautaires”.

Le Parlement doit être rappelé

“Ces documents confirment les graves risques d’un Brexit sans accord”, s’est inquiété Keir Starmer, chargé du Brexit au sein du Parti travailliste, principal parti de l’opposition. “Il est important que le Parlement soit rappelé et ait l’occasion (…) de prendre toutes les mesures nécessaires pour bloquer un Brexit sans accord”, a-t-il plaidé.

Boris Johnson a suspendu le Parlement jusqu’au 14 octobre, deux semaines seulement avant la date prévue pour le Brexit. Il a catégoriquement démenti jeudi avoir menti à la reine Elizabeth II sur ses motivations, soutenant que l’ajournement visait à élaborer un nouveau programme de politique intérieure et non pas à imposer un Brexit sans accord.

Irlande: projet “non viable”

Les autorités britanniques prévoient des perturbations à court terme dans 12 domaines-clés, dont l’approvisionnement en eau et nourriture, la santé, les transports et les frontières.

Jusqu’à 85% des poids lourds britanniques pourraient ne pas être en mesure de répondre aux critères des contrôles douaniers français, entraînant une baisse de “40 à 60% du niveau actuel” du trafic. Ces perturbations pourraient durer trois mois et “avoir un impact sur l’approvisionnement en médicaments et matériel médical”, ainsi qu’en produits frais.

Sur la question très sensible de la frontière entre l’Irlande du Nord, province britannique, et l’Irlande, Etat membre de l’UE, le document estime “non viable” le projet de Boris Johnson de la maintenir ouverte en cas de “no deal”, “en raison d’importants risques sur les plans économique, juridique et de biosécurité”.

Bataille judiciaire

La justice nord-irlandaise a offert un peu de répit jeudi à l’exécutif en rejetant trois demandes visant à empêcher un Brexit sans accord. Ces affaires ne relèvent pas de la justice, a expliqué la Haute Cour de Belfast.

Mais la bataille judiciaire n’est pas terminée: la Cour suprême à Londres examinera dès mardi un recours contre une décision de justice refusant d’annuler la suspension controversée du Parlement.

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