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Le scandale Facebook/Cambridge Analytica prend de l’ampleur

Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, devra s'expliquera la semaine prochaine devant des parlementaires américains sur le scandale des données détournées. KEYSTONE/AP/STEVEN SENNE sda-ats

(Keystone-ATS) Le réseau social Facebook a revu mercredi à la hausse le nombre d’utilisateurs dont les données ont été récupérées à leur insu par la firme Cambridge Analytica. Il l’estime désormais à quelque 87 millions, contre 50 millions il y a deux semaines.

“Au total, nous pensons que les informations Facebook de jusqu’à 87 millions d’utilisateurs -la plupart aux Etats-Unis- ont pu être partagées de façon indue avec Cambridge Analytica”, écrit le groupe qui évoquait jusque-là environ 50 millions d’usagers affectés. Le réseau aux plus de deux milliards d’utilisateurs est empêtré dans ce scandale depuis plus de deux semaines.

L’information a été partagée sur un blog de la société par le chef de la technologie, Mike Schroepfer. Ce dernier y a évoqué les nouvelles mesures prises par Facebook pour restreindre les données personnelles auxquelles peuvent accéder les développeurs d’applications tierces.

Une grande partie des 87 millions de personnes concernées par ce siphonnage de données se trouvent aux Etats-Unis, écrit Mike Schroepfer.

Dès ce 4 avril, Facebook va procéder à la vérification de toutes les applications demandant l’accès à des données d’utilisateurs comme les photos, les vidéos et les publications de commentaires, a annoncé la firme mercredi.

Le scandale, déclenché par un lanceur d’alerte le 17 mars, s’est traduit par une baisse de près de 16% du cours de l’action Facebook. Ce qui s’est alors traduit par l’effacement de plus de 100 milliards de dollars (environ 96 milliards de francs) de sa valeur en Bourse.

Questionnaire psychologique

La firme Cambridge Analytica a récupéré, via un questionnaire psychologique auquel ont répondu 270’000 personnes, les données de 87 millions de leurs amis, selon le nouveau chiffre annoncé par Facebook. Cela a permis à la société britannique de se constituer une précieuse base de données avant d’être embauchée par l’équipe de campagne de Donald Trump.

A l’époque, les applications autorisées par une personne avaient aussi accès aux données de ses amis, ce qui explique le très grand nombre de personnes affectées au final. Cette option a été supprimée en 2014, mais le PDG Mark Zuckerberg a reconnu que le réseau social devait mieux contrôler lui-même l’usage des données par les applications tierces.

Zuckerberg sera auditionné

Depuis ces révélations, qui font l’objet d’enquêtes et de plaintes des deux côtés de l’Atlantique, le groupe est cloué au pilori. Il ne cesse de communiquer pour promettre davantage de transparence.

Mark Zuckerberg s’expliquera la semaine prochaine devant des parlementaires américains sur ce scandale ainsi que sur sa réponse tardive aux manipulations politiques russes. Il sera auditionné le 11 avril par la commission de l’Energie et du Commerce de la Chambre des représentants, a annoncé mercredi la commission.

Modèle économique

Dans un entretien téléphonique avec Reuters mercredi, Mark Zuckerberg a déclaré être d’accord avec “l’esprit” de la réglementation européenne sur la protection des données personnelles. Il ne s’est toutefois pas engagé à en faire la norme sur l’ensemble de son réseau social au niveau mondial.

Les données personnelles sont au coeur du modèle économique de Facebook et d’autres groupes technologiques comme Twitter ou Google. Celles-ci permettent de cibler au plus près des contenus publicitaires, commerciaux ou politiques.

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