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Le scrutin néerlandais place le gouvernement dans l’incertitude

(Keystone-ATS) Les électeurs néerlandais ont sanctionné mercredi les partis au pouvoir lors d’élections régionales, selon les chiffres des premiers sondages de sortie des urnes. La coalition gouvernementale a perdu sa majorité au Sénat.

Les libéraux du VVD et les travaillistes du PvdA perdent respectivement quatre et six sièges et, en conséquence, leur fragile majorité. Ce qui les oblige à rechercher désespérément un nouveau partenaire pour pouvoir y faire approuver des réformes.

Leur majorité reposait déjà sur le soutien des démocrates de D66 et de deux petits partis chrétiens. Ils leur assuraient une majorité de 38 sièges sur les 75 que compte cette assemblée.

Seulement 49% des électeurs se sont rendus aux urnes pour élire les 570 représentants qui siégeront dans les 12 provinces du pays. Ceux-ci éliront à leur tour le 26 mai ceux qui occuperont les sièges de la chambre haute du parlement pour les quatre prochaines années.

La composition du Sénat sera également cruciale pour le prochain gouvernement, qui devrait être élu en 2017 si la coalition au pouvoir ne doit pas démissionner auparavant. Les résultats de ces sondages signifient que la coalition doit trouver un sixième partenaire au Sénat, au risque de se retrouver paralysée.

“Le début de la fin”

Les chrétiens-démocrates du CDA pourraient être une possibilité, même s’ils ont jusqu’à présent refusé de soutenir le gouvernement. “C’est un problème pour la coalition”, assure Paul Scheffer, professeur en sciences politiques aux universités d’Amsterdam et de Tilburg: “ça va être très difficile de trouver un sixième parti qui veuille bien supporter la coalition gouvernementale au Sénat.”

“J’ai bien peur que ceci soit le début de la fin pour la coalition de Rutte”, a-t-il ajouté.

Le VVD de Mark Rutte a été frappé récemment par une série de scandales, le dernier en date étant la démission du ministre de la Justice Ivo Opstelten et de son adjoint Fred Teeven. Ces derniers étaient accusés d’avoir menti au Parlement au sujet d’un accord passé par le parquet il y a 15 ans avec un baron de la drogue.

Le parti populiste de Geert Wilders, le PVV, devrait perdre deux sièges au Sénat, où il est de toute façon peu probable qu’il joue un rôle important car de nombreux partis le considèrent toujours comme étant peu fiable après qu’il ait provoqué la chute du gouvernement en 2012.

“Questions difficiles”

Des têtes pourraient tomber au parti travailliste du PvdA: les analystes estiment que le parti a été durement sanctionné pour avoir soutenu les mesures d’austérité et les coupes budgétaires jugées nécessaires par les libéraux pour ramener le déficit du pays sous la limite européenne.

“Des questions difficiles vont être posées au sujet de la performance des travaillistes au cours de ces élections et des têtes tomberont peut-être”, a ajouté M. Scheffer.

Le CDA refuse pour l’heure de soutenir le gouvernement au Sénat: “je suis très satisfaite du résultat pour l’instant”, a déclaré la cheffe de file du parti à la chambre basse du parlement, Mona Keijzer, citée par l’agence de presse néerlandaise ANP. “Le CDA continuera à soutenir les bonnes propositions du gouvernement et à se battre contre les mauvaises”, a-t-elle ajouté.

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