Le secrétaire d’Etat américain rencontre Erdogan
(Keystone-ATS) Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson est arrivé jeudi en Turquie pour des entretiens délicats avec un allié crucial des Etats-Unis dans la lutte contre les djihadistes de l’EI. Mais Ankara est de plus en plus en froid avec Washington comme avec l’Europe.
M. Tillerson a rencontré le président Recep Tayyip Erdogan à huis clos pour discuter de la lutte contre le groupe de l’Etat islamique (EI), et notamment des préparatifs de l’offensive contre son bastion syrien de Raqa. Le chef de la diplomatie américaine s’est entretenu auparavant avec le premier ministre Binali Yildirim sur le même sujet. Il a souligné le “rôle important” de la Turquie pour la sécurité de la région.
Ankara est furieux du soutien des Américains aux miliciens kurdes syriens des YPG (Unités de protection du peuple), qu’il considère comme le prolongement en Syrie du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), les séparatistes kurdes en lutte depuis 1984 contre l’Etat turc dans le sud-est de la Turquie.
Eviter le sujet qui fâche
La tension dans les relations américano-turques découle également de la présence aux Etats-Unis du prédicateur en exil Fethullah Gülen, que M. Erdogan juge responsable de la tentative de putsch de la mi-juillet. Ankara réclame depuis l’été dernier son extradition vers la Turquie.
La visite de Rex Tillerson débute à moins de trois semaines du référendum constitutionnel du 16 avril, par lequel Recep Tayyip Erdogan espère obtenir davantage de pouvoirs. Pour ses opposants, une victoire du “oui” ne fera qu’accroître l’autoritarisme du président turc.
Des responsables américains ont précisé que le secrétaire d’Etat ne rencontrerait pas de membres de l’opposition durant sa visite en Turquie. Le signe qu’il souhaite éviter d’aborder les questions de politique intérieure turque et parler avant tout de la guerre contre l’Etat islamique en Syrie et en Irak.