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Le stress in utero affecterait l’espérance de vie

Les stress subis aux débuts de la vie sont connus pour avoir un impact néfaste sur la santé, mais leurs conséquences sur la mortalité posent question (image symbolique). KEYSTONE/AP/KARIM KADIM sda-ats

(Keystone-ATS) Les enfants nés entre 1914 et 1916, dont le père est mort au combat durant la Première Guerre mondiale, ont vécu en moyenne un an de moins que les autres. C’est ce que suggère une étude française cherchant à évaluer l’impact du stress prénatal sur l’espérance de vie.

Les stress subis aux débuts de la vie sont connus pour avoir un impact néfaste sur la santé, mais leurs conséquences sur la mortalité posent question.

C’est précisément l’objet de l’étude, conduite par Nicolas Todd et Alain-Jacques Valleron (Inserm) et le pédiatre et endocrinologue Pierre Bougnères (hôpital Bicêtre/AP-HP, région parisienne). Ils ont voulu voir si le stress psychologique subi par la mère pendant la grossesse réduisait l’espérance de vie à l’âge adulte de son enfant, devenu orphelin de père.

Les résultats ont été présentés au 55e congrès annuel de la Société européenne d’endocrinologie pédiatrique. L’événement vient de se tenir à Paris.

Données historiques

Les chercheurs ont utilisé des bases de données historiques pour identifier plus de 4000 enfants nés entre août 1914 et décembre 1916 et dont les pères ont été tués ou gravement blessés pendant la Première Guerre mondiale. Ce qui a de fait provoqué un stress psychologique majeur pour la mère.

Grâce aux registres de naissance croisés avec une base recensant 1,4 million de militaires français décédés, les auteurs ont ainsi pu non seulement distinguer les enfants dont le père avait été blessé ou était mort à la guerre, mais également déterminer, parmi ces derniers, si le décès était survenu avant ou après la naissance.

Pour effectuer les comparaisons, chacun des enfants pupille de la Nation, a été associé à un enfant non pupille de la Nation, de même sexe, né au même moment, au même endroit et dont la mère avait le même âge.

Environ 2,2 ans

Les chercheurs ont constaté une augmentation de la mortalité à l’âge adulte chez tous ceux qui ont vécu un stress précoce. Ces derniers perdent en moyenne une année d’espérance de vie adulte par rapport au groupe des non-pupilles.

La réduction de l’espérance de vie à l’âge adulte est plus grande – de 2,2 ans – pour les orphelins dont le père avait été tué avant leur naissance alors que leur mère était enceinte. “La prochaine étape sera de déterminer la cause de la mort” chez ces derniers orphelins pour éclairer les mécanismes impliqués, selon l’épidémiologiste Nicolas Todd.

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