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Le SwissPass des CFF ne fait pas l’unanimité

(Keystone-ATS) SwissPass fête ses trois mois. Les CFF et l’Union des transports publics (UTP) tirent un bilan positif de cette introduction. Mais tout le monde ne partage pas cet avis. La grogne monte du côté des remontées mécaniques, notamment romandes.

“Nous sommes contents”, indique mercredi le directeur de l’UTP Ueli Stückelberger devant les médias réunis à Berne. Depuis le 1er août, les usagers des transports publics suisses, qui ont renouvelé leur abonnement général ou demi-tarif, ont dû troquer leur carte bleue contre une rouge à puce.

Ce projet très complexe est introduit doucement pour favoriser le passage d’un système à l’autre, explique-t-il. Actuellement presque 600’000 nouvelles cartes circulent, soit plus du tiers des AG et environ 17% des demi-tarifs. Et chaque semaine des milliers d’autres usagers adoptent ce nouveau titre de transport.

Ueli Stückelberger parle donc d’un début réussi. Presque tout a fonctionné sans problème et les gens acceptent ce nouveau système, note le directeur de l’UTP.

Les remontées mécaniques remontées

Pourtant tous ne partagent pas l’avis de ce dernier. C’est le cas notamment d’Eric Balet, vice-président des Remontées mécaniques suisses (RMS). Pour lui, le “SwissPass est une bonne idée mais technologiquement pas suffisamment développée”, précise-t-il à l’ats.

Afin d’accéder à ce nouveau système les domaines skiables doivent payer un tribut aux CFF. “On devrait payer une commission de 6% par forfait vendu et 4000 francs par station pour participer”, s’exclame M. Balet, également directeur de Téléverbier.

Il déplore que les domaines n’obtiennent aucune valeur ajoutée. “Le système veut pousser nos clients de la route au rail, mais nous n’y gagnons rien, au contraire nous perdons de l’argent”.

Aucun romand

Dans les faits, 23 domaines skiables et sociétés de remontées mécaniques ont conclu un contrat avec le SwissPass. Pas un seul n’est romand. “Les avis sont partagés”, reconnaît à ce sujet Ueli Stückelberger, à l’issue de la conférence au moment des questions.

“Toutes les stations ne sont pas confiantes”, admet également Jeannine Pilloud, responsable voyageurs des CFF. Un groupe de travail a donc été créé afin de trouver des solutions avec les remontées mécaniques.

“Un travail de persuasion nous attend”, indique-t-elle. Tout en annonçant clairement que la régie ne peut pas offrir la carte à tous les exploitants. Le montant de la commission est le même pour tous.

De son côté, le vice-président des RMS rappelle que la faîtière s’est unanimement prononcée contre le SwissPass. Et en l’état il est hors de question d’y adhérer: “sans commission, ce serait déjà une grosse fleur que nous ferions aux CFF”, conclut-il.

Et de relever encore qu’en acceptant un tel système, les exploitants perdraient aussi toutes les statistiques qu’ils récoltent actuellement et qui leur permettent de bichonner leurs habitués.

Durée des contrôles discutée

Hormis cette question, les autres critiques se seraient tues, selon les CFF et l’UTP. Les plaintes initiales sur la longueur des contrôles et le manque de lecteurs pour ce type de cartes ne se seraient pas poursuivies. “Certes, il y a des défauts de jeunesse et des difficultés de démarrage”, rapporte Ueli Stückelberger. Mais d’après lui ils sont normaux au vu de la grosseur du projet et sont résolus avec des mesures immédiates.

Tout n’est pas aussi rose du côté du Syndicat du personnel des transports (SEV). “Les contrôles durent trois fois plus longtemps par usager”, indique à l’ats son porte-parole Peter Moor-Trevisan. Celui-ci y voit une incitation aux voyageurs sans billet: le personnel n’a pas le temps de vérifier tous les passagers.

Contrôle des données

Autre point souvent relevé par les adversaires de ce système: la protection des données. Là aussi, les deux entités font bloc. “Nous ne savons pas quels trajets nos voyageurs effectuent”, déclare M. Stückelberger. Il n’y a aucun profil de localisation ou de déplacement et les données de contrôles sont effacées après trois mois. Par ailleurs seules les personnes autorisées y ont accès.

Le préposé fédéral à la protection des données et à la transparence (PEPDT) a ouvert il y a quelques semaines un examen de l’état de fait dans ce dossier, détaille à l’ats son porte-parole Francis Meier. “Ce sont les traitements de données liées au SwissPass qui font l’objet du contrôle”. Les résultats devraient tomber dans les prochaines semaines.

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