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Le télescope spatial CHEOPS placé avec succès sur orbite

Le deuxième essai a été le bon mercredi à Kourou. Keystone/AP ESA-CNES-ARIANESPACE/JM GUILLON sda-ats

(Keystone-ATS) Le télescope spatial CHEOPS a gagné mercredi son poste d’observation des exoplanètes à 710 kilomètres au-dessus de la Terre. Placé en orbite vers 12h20, deux heures et demie environ après le lancement de la fusée Soyouz de Kourou, il a envoyé un premier signal.

La séparation du lanceur a été accueillie par des applaudissements nourris de l’équipe CHEOPS à Kourou, a constaté une journaliste de Keystone-ATS sur place. Peu avant 13h00, le centre de contrôle a également reçu un signal en provenance du satellite.

Une phase de tests de plusieurs mois est maintenant prévue. Interrogé par Keystone-ATS, le Prix Nobel de physique 2019 Didier Queloz, présent sur place, s’est montré ravi du succès de l’opération. Les observations débuteront fin mars 2020 pour une durée prévue d’environ quatre ans.

Un premier essai de lancement avait avorté mardi en raison d’un composant défectueux. Le compte à rebours avait été interrompu une heure et vingt-cinq minutes avant l’envol. Mercredi à 05h54 heure locale (09h54 suisse), tout s’est passé comme prévu et la fusée s’est élancée dans un bruit assourdissant dans le ciel nocturne de Kourou.

La suite s’est déroulée comme sur du papier à musique: largage des boosters après 1 minute 57, de la coiffe (3 mn 16), du deuxième étage de la fusée (4 mn 47), du troisième étage (8 mn 49) et allumage de l’étage supérieur transportant la charge utile (9 mn 49), selon les images retransmises en direct par Arianespace.

Le satellite d’observation italien Cosmo-Skymed, charge principale, a été largué après 22 minutes et 43 secondes. Le tour de CHEOPS est venu deux heures et 23 minutes après le décollage. Le lanceur a encore déployé vers 14h15 des nanosatellites français, Angels et Eyesat, et autrichien Ops-Sat.

4000 exoplanètes

CHEOPS (abréviation de CHaracterising ExOPlanet Satellite) est un projet de l’Agence spatiale européenne (ESA) et de la Suisse. Ses objectifs consistent à étudier les exoplanètes en observant les étoiles autour desquelles elles orbitent.

Plus de 4000 exoplanètes – orbitant autour d’une étoile autre que le Soleil – ont été détectées depuis la découverte de la première, 51 Pegasi b, il y a 24 ans par les Prix Nobel de physique 2019 Michel Mayor et Didier Queloz.

L’objectif de CHEOPS n’est pas d’aller en débusquer de nouvelles mais d’analyser celles déjà identifiées pour tenter de comprendre de quoi elles sont faites, et tenter de déterminer leur habitabilité. Embarqué sur le satellite, le télescope orbitera à 710 kilomètres au-dessus de la Terre pour ne pas subir les perturbations de l’atmosphère, et accédera à tout le ciel, Soleil dans le dos.

Mission de “petite taille”

CHEOPS a été mis au point et assemblé par l’Université de Berne en étroite collaboration avec l’Université de Genève. Il s’agit de la première mission dirigée à la fois par la Suisse et par l’ESA.

Première parmi les missions de “petite taille” de l’ESA en termes de budget et de calendrier, CHEOPS a permis aux scientifiques suisses de démontrer leur savoir-faire, a indiqué le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) dans un communiqué.

L’alma mater bernoise était à la tête d’un consortium international de plus de 100 chercheurs issus de onze états-membres de l’ESA. Et pour la première fois dans une mission de l’ESA, le “Science Operations Center” ne sera pas à l’ESA, mais à l’Université de Genève.

Une centaine de personnes ont d’ailleurs assisté en direct mercredi matin à l’évènement sur grand écran à l’Université de Berne, qui avait organisé un “Public Viewing” pour l’occasion. Des salves d’applaudissements ont salué le décollage, puis la mise en orbite réussie vers 12h20, après quoi un apéritif a été servi.

“Un moment exceptionnel”

“C’est vraiment un moment exceptionnel dans l’histoire spatiale européenne et dans l’histoire des exoplanètes”, a commenté Didier Queloz à Kourou. “La mission CHEOPS représente une étape pour mieux comprendre l’astrophysique de toutes ces planètes étranges que nous avons découvertes et qui n’ont pas d’équivalence dans le système solaire”, a-t-il expliqué.

Aujourd’hui, on estime qu’il y a dans la galaxie au moins autant de planètes que d’étoiles, soit à peu près 100 milliards. “Nous voulons dépasser la statistique et les étudier en détail”, indique pour sa part David Ehrenreich, de l’Observatoire de Genève.

CHEOPS va en observer à peu près 500 et ainsi composer “une photo de famille des exoplanètes”, conclut Günther Hasinger, le directeur des programmes scientifiques de l’ESA.

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