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Le Texas exécute un homme emprisonné depuis l’âge de 15 ans

L'homme de 38 ans qui a été exécuté n'aura pas vécu un seul jour de sa vie d'adulte hors d'une prison (archives). KEYSTONE/AP/KIICHIRO SATO sda-ats

(Keystone-ATS) L’Etat américain du Texas a exécuté jeudi un homme condamné pour le meurtre d’un gardien de prison. Cette mesure a été prise malgré l’absence de preuves matérielles établissant l’implication directe du détenu dans cet homicide.

L’homme de 38 ans n’aura pas vécu un seul jour de sa vie d’adulte hors d’une prison. Il a été exécuté à 18h46 locales (01h46 en Suisse), une heure environ après que la Cour suprême des Etats-Unis a rejeté les ultimes recours en clémence lancés par ses avocats.

“Je veux juste dire à tout le monde ici que je vous aime tellement. J’ai fait du mal à beaucoup de gens et beaucoup m’ont fait du mal”, a-t-il confié dans sa dernière déclaration.

“J’ai dû apprendre les leçons de la vie à la dure. Un jour, on n’aura plus besoin de faire du mal aux gens”, a-t-il poursuivi avant de dire ses adieux, selon un communiqué du département de la Justice pénale du Texas.

Complicité

Il n’avait que 15 ans quand il a été arrêté pour complicité d’un homicide commis par son père. Il avait alors été condamné à une peine de 99 ans derrière les barreaux, selon une loi très controversée du Texas qui fait encourir une sanction identique au principal acteur d’un homicide et à ses complices.

Cette sentence équivalant à une réclusion à perpétuité a été critiquée comme illustrant un système pénal ultrarépressif, n’offrant aucun espoir à un adolescent à l’enfance ballottée entre une mère toxicomane et un père souvent emprisonné.

L’homme exécuté avait commencé à l’âge de sept ans à consommer des stupéfiants, et il en vendait dès l’école primaire. Tout en étant mineur, il avait été incarcéré dans une prison pour adultes.

Verdict maintenu

A l’âge de 20 ans, il s’est retrouvé accusé du meurtre d’un agent pénitentiaire, qui avait été retrouvé baignant dans son sang, poignardé avec une tige de métal. Il venait d’écrire un rapport disciplinaire sur celui qui allait le tuer, et qui a toujours clamé son innocence.

Les procureurs ont assuré que le gardien avait été tué en représailles de ce rapport défavorable. Le détenu affirme de son côté avoir été victime d’un coup monté par des agents corrompus et d’autres prisonniers.

Depuis 2013, il a échappé à plusieurs reprises à une exécution programmée, en exigeant des analyses ADN sur les vêtements, l’arme du crime et le rapport disciplinaire déchiré. Ces analyses se sont révélées non concluantes et n’ont pas prouvé sa présence sur le théâtre de l’homicide du gardien Nagle. Les résultats n’ont toutefois pas été jugés suffisamment probants pour remettre en question le verdict.

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